1883 |
29 février 1883
Edouard de Fitz-James à Alfred de Falloux
Paris, le 29 février 1883
Mon chère Falloux
Votre lettre s'est croisée avec la mienne que je vous ai adressée Hôtel des ministres à Paris1.
Je regrette vivement de ne pas vous avoir vu, que vous ne soyez pas venu causer avec moi comme je vous avais demandé de le faire, car je crois que notre entretien aurait eu sa très grande utilité. Il eût été le complément nécessaire de la visite dont vous me parlerez. Le jour même vous aviez été reçu et après votre visite, que j'ignorais, j'ai écrit pour dire combien je croyais utile que vous soyez mandé. J'ai dit, ce qui est bien exact, que j'agissais en le demandant en dehors de vous et que je le faisais animé par la connaissance du bien que je savais qu'il en résulterait pour la cause monarchique parce que vous seuls étiez capable de bien conseiller et de diriger les efforts de chacun. J'ai ajouté qu'il fallait ne pas tenir compte du sentiment de modestie qui vous portait toujours à ne pas vouloir accepter ce rôle, qu'il fallait vous obliger à l'accepter en vous ouvrant l'entrée de la chambre. C'est-à-dire en disant qu'on avait volonté formelle que vous soyez nommé à la place de Monsieur de Civrac2.
J'ai disposé de vous comme vous voyez, mon cher Falloux, je l'ai fait parce que je suis plus convaincu que jamais que vous êtes le seul chef qui puissiez mener la droite au succès et parce que je sais aussi que votre grand cœur acceptera de marcher au combat. Je vous aime bien.
Fitz-James3
1Hôtel où Falloux résidait lorsqu’il séjournait dans la capitale.
2Civrac Marie Henri Louis Durfort de (1812-1884), homme politique. Grand propriétaire foncier du Maine-et-Loire, il fut élu député de la 2ème circonscription de Cholet dès 1852 et ne cessa de la représenter jusqu'à sa mort, siégeant avec les légitimistes puis l'Union des Droites.
3Fitz-James, Édouard, Antoine, Sidoine de (1828-1906), propriétaire du château de la Lorie, près de Segré, en Maine-et-Loire, et donc voisin de Falloux auquel il est lié d'amitié.
