CECI n'est pas EXECUTE 14 août 1880

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14 août 1880

Alfred de Falloux à Couvreux

14 août 1880*

Cher Monsieur l’abbé, Madeleine [de Castellane]1 m’a écrit, en effet, et très aimablement, mais sans me dire où lui répondre et j’attends pour le faire une indication de votre part.

Je suis charmé de la touchante visite que vient de recevoir la Villa des Roses, mais je crains bien que cette bonne grâce ni coûtée chère en fatigue, à celles qui en étaient si justement l’objet et j’attends avec un redoublement d’impatience votre premier bulletin.

J’ai déchiré la lettre du prince Radziwill2 puisque vous m’y autorisez et l’état qu’elle décrit est vraiment affligeant ; l’enflure au doigt ne fait-elle pas supposer une goutte qui, vague et incertaine, cause un ébranlement général ? Les eaux de Toeplitz3 me paraîtraient une indication de ce genre, mais le climat de la Bohème n’est-il pas déjà froid et humide dans le mois de septembre ?

Ici, nous continuons à aller lentement mais très visiblement plus mal. C’est la tumeur4 qui, selon la prédiction de M. Letort5, cause maintenant tous les embarras et rend tous les digestifs excessifs ou inutiles. M. Letort est, de son côté, tout à fait mourant ; je l’ai vu deux fois, depuis ce temps mais il redoute les visites plus qu’il ne les attire, parce qu’elle lui cause beaucoup d’émotion. Chose singulière ! Après l’expérience de la vie, il la regrette ! M. Poidevin le remplace au Bourg d’Iré, mais il nous dit malheureusement la même chose que M. Letort et M. Farge : il n’y a rien à faire qu’à combattre les petits incidents au jour le jour, en s’avouant absolument impuissant contre le mal lui-même.

Sans un si douloureux et si impérieux motif, j’irai certainement vous faire une visite à Évian ; je suis très jaloux que tout le monde soigne Madame de Castellane, excepté moi. Hâtez-vous donc de la guérir, je vous en prie, pour que je puisse au moins me dédommager quelques jours à Rochecotte.

M. de Monthyon6 a fini par être enterré7, grâce à la découverte du prince de Chalais8, à qui je me suis hâté d’en faire part et qui m’a répondu une lettre presque aussi bonne que lui-même.

Veuillez dire à Melle Dubois9 que je la remercie doublement puisque j’ai la satisfaction de vous entendre sans le remords de ce que je vous coûte !

Falloux

P.S. Monsieur Penaud10 ne cesse de former les vœux les plus ardents pour le complet rétablissement de Madame de Castellane. Il vous prie bien de le lui dire et vous offre son respectueux et fidèle souvenir.

 

 

*Archives nationales. Fonds Castellane.

1Madeleine de Castellane (1847-1934), née Leclerc de Juigné ; elle était, depuis le 3 avril 1866, l'épouse d'Antoine de Castellane.

2Marie Dorothée Elizabeth de Castellane (1840-1915), fille de Pauline de Castellane, était depuis 1857 l’épouse du prince Antoine Radziwill (1833-1904).

3Station thermale de Bohême (République tchèque).

4Emilie de Caradeuc (1801-1882), belle-mère de Falloux est alors gravement malade.

5Médecin de la famille Falloux.

6Montyon, Jean-Baptiste 1733-1820), baron de. Philanthrope et économiste français.Très riche, il créa un Prix de vertu décerné par l'Académie française à des personnes méritante.

7?

8Louis de Talleyrand-Périgord (1811-1898), prince de Chalais, cousin de Madame de Castellane.

9Secrétaire de Madame de Casteellane.

10Secrétaire de Falloux.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «14 août 1880», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1880,mis à jour le : 20/04/2019