CECI n'est pas EXECUTE 17 novembre 1880

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17 novembre 1880

Alfred de Falloux à Couvreux

17 novembre 1880*

Cher Monsieur l’abbé,

Monsieur de Rességuier n’est arrivé qu’hier pour dîner et le duc de Fitz-James1, en même temps que lui.

La politique nous a mené tard dans la soirée et ce matin nous n’avons encore échangé que des bons jours. Cependant ça m’a suffi pour savoir que Monsieur de Rességuier compte me quitter dans les premiers jours de décembre avec la ferme intention de passer par Rochecotte. Pour moi, à cette distance, je ne puis savoir ce que j’aurais de liberté ou de santé, mais mon désir ne doit être douteux pour personne. Quant aux Andral, chacun de nous serait très heureux de les rencontrer, mais les dates ne paraissent pas s’y prêter.

Monsieur de Rességuier avait assisté, lundi à la séance du Sénat, et déclare que là est partout il a été, à Paris, il n’y avait qu’un cri contre MM. de Baudry2 et de Bisaccia3.

Nous attendons maintenant avec impatience le discours de Chesnelong qui s’il ne sait pas saluer et mettre à profit le discours de Freycinet4 ne sera qu’un Baudry éloquent.

Je vous quitte là-dessus, cher Monsieur l’abbé, avec une ardeur d’extrême droite dans les vœux pour les santés de Rochecotte, et, je dois vous l’avouer, pour retourner à l’Officiel !

A. de F.

 

*Archives nationales. Fonds Castellane.

1Fitz-James, Édouard, Antoine, Sidoine de (1828-1906), propriétaire du château de la Lorie, près de Segré, en Maine-et-Loire, et donc voisin de Falloux auquel il est lié d'amitié.

2Baudry d’Asson, Léon Armand (1836-1915), grand propriétaire foncier de Vendée, il s’était fait élire dans la deuxième circonscription de Vendée dés 1876. Il sera régulièrement réélu jusqu’en 1914, siégeant avec la droite. Fidèle au comte de Chambord, Il interpella le gouvernement (janvier 1880) sur la révocation de quelques maires vendéens, qui avaient pris part aux banquets légitimistes d'octobre 1879. Ses interventions vivaces lui valurent une exclusion temporaire lors de la séance du 10 novembre 1880.

3La Rochefoucauld, Marie-Charles-Gabriel-Sosthène, duc de Bisaccia, puis duc de Doudeauville (1825-1908), homme politique. Élu à l'Assemblée nationale en 1871, il sera réélu de 1876 à 1889. Légitimiste, il contribua au renversement de Thiers, puis après avoir tenté, en vain, de convaincre le comte de Chambord de s'engager dans la « fusion », il déposa le 15 juin 1874 une proposition en faveur d'une restauration immédiate qui ne recueillit que 64 voix.

4Freycinet Charles Louis de Saulces de (1828-1923), ingénieur et homme politique. Polytechnicien, il devint chef de l'exploitation de la Compagnie des chemins de fer du Midi. Collaborateur de Gambetta dans le gouvernement de la Défense nationale en 1870-1871, il entra au Sénat en 1876 où il siégea avec la gauche républicaine. Le 14 décembre 1877, il entra dans le ministère Dufaure-Waddington où il occupa le portefeuille des Travaux publics. Président du conseil du 28 septembre 1879 au 19 septembre 1880, il occupe une seconde fois ce poste le 30 janvier 1882.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «17 novembre 1880», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1880,mis à jour le : 20/04/2019