CECI n'est pas EXECUTE 6 janvier 1883

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6 janvier 1883

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

6 Janvier 1883*

Chère Madame,

Le premier de l’an à Angers est encore pire qu’un premier de l’an au Bourg d’Iré. Tous les angevins reviennent et tiennent à se montrer pour ce jour-là. En outre le service des postes y est organisé d’une façon si insuffisante que tous les facteurs sont sur les dents depuis huit jours se font aider par leurs femmes avec des brouettes et distribuent dans l’après-midi des lettres qu’ils apportent d’ordinaire à huit heures du matin. Ce régime touchant à son terme, je risque ce billet en renouvelant à tout le monde mais tendresse, mes excuses et surtout mes vœux.

Ce que je renouvelle très particulièrement pour vous chère Madame, ce sont des remerciements, car je crains qu’ils n’aient été noyés dans la bagarre.

L’Almanach de Gotha1 m’est une jouissance de tous les jours, et les deux petits anges de Raphaël une jouissance de tous les instants. Isolés ainsi, ils sont encore plus charmants que dans le tableau.

Monsieur l’abbé Couvreux lit-il bien exactement LUnion de l’Ouest et vous a-t-il signalé l’article par lequel Cumont a si bien fustigé L’Union de Paris qui prenait cyniquement la défense de la trahison La Bouillerie2Freppel et disait que cette habile vigilance avait déjoué de louches manœuvres, etc., etc. Ni L’Union ni L’Étoile n’ont répliqué sans quoi je vous les aurais envoyées.

Ma lettre à Boni3 est-elle arrivée avant son départ ? J’en serais désolé du contraire, car je lui donnais ma procuration générale envers tout le monde, particulièrement envers sa mère qui m’avait envoyé un bien bon petit mot ! Si Monsieur et Madame de Juigné4 et sont encore à Rochecotte, veuillez être à votre tour, chère Madame, mon interprète auprès d’eux. J’ai rencontré avant-hier le marquis Biencourt5 et ses deux fils. Il m’a été très clément ! Et votre rhume, chère Madame ? Faites-moi dire bientôt, je vous en prie qu’il est allé là où je l’envoie, bien loin de Rochecotte et de tous les Rochecottins.

A. de F.

 

*Archives nationale. Fonds Cstellane.

1Annuaire des maisons royales et des familles souveraines.

2Marie Joseph Roullet de La Bouillerie, baron (1822-1894), homme politique. Élu du Maine-et-Loire en 1871, il siégeait à l'extrême droite et fit partie de la réunion des Réservoirs. Il sera ministre de l'Agriculture et du commerce dans le premier gouvernement d'A. de Broglie du 25 mai 1873 au 25 novembre 1873. Il votera pour le ministère Broglie le 16 mai 1874, contre l'amendement Wallon et contre les lois constitutionnelles. Il ne se représentera pas par la suite.

3Boniface dit Boni de Castellane (1867-1932), le fils d'Antoine de Castellane.

4Juigné Charles Léon Ernest Leclerc de, marquis de (1825-1886) et son épouse Charlotte de Juigné née de Percin de Montgaillard de La Valette (1825-1897). Popriétaires du château de Juigné-sur-Sarthe, ils étaient apparentés à Pauline de Castellane, leur fille Madeleine ayant épousé Antoine de Castellane.

Député de Loire-Inférieure de 1871 à 1898, légitimiste modéré, il était proche de Falloux.

5Biencourt, Charles, marquis de (1826-1914). Entré comme administrateur dans L’Union générale, banque catholique, il sera contraint de dédommager, sur ses biens propres, les créanciers et les actionnaires ruinés à la suite du krach de la dite banque (19 janvier 1882).


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «6 janvier 1883», correspondance-falloux [En ligne], 1883, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 19/11/2019