CECI n'est pas EXECUTE 8 mai 1883

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8 mai 1883

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

8 mai 1883*

Chère Madame, j’ai reçu la lettre tout entière de votre main, et je vous assure que je n’avais pas besoin pour être bien convaincu d’avance de tout ce que vous me dites. Je remercie bien spécialement Antoine [de Castellane] et Madeleine [de Castellane]1 de leur présence dans la chapelle de Rochecotte. J’arrive de Saint-Maurice2 et le curé m’a promis un certain nombre de messes immédiatement, bien que je n’ai aucun doute sur le sort éternel d’une âme si fidèle et si chrétienne. Je persiste à ne la remplacer dans sa petite maison que par une bonne œuvre, si je puis réussir. Veuillez donc parler à Monsieur Martin, comme je vais parler ici à nos principaux médecins, de mon désir persévérant de placer dans la maison vacante un jeune homme sûr est vraiment dévoué aux pauvres. Si on peut me faire tomber sur un bon choix ce sera un précieux cadeau pour le Bourg d’Iré et je suis convaincu qu’à la distance où nous sommes de Segré la clientèle ne manquera pas. Je sais de source très sûre que l’évêque de Poitiers3 est celui qui le premier a mis le gouvernement sur les traces de très capricieuses dilapidations d’argent. Il avait, entre autres, fondé presque exclusivement aux dépens de la caisse des retraites ecclésiastiques une corporation des oblats et que son diocèse est le premier ou l’un des premiers qu’on ait dû placer sous l’étroite surveillance civile. Je ne suppose pas que l’abbé Baunard4 ignore tout cela, mais il serait fort utile de lui faire savoir que cela n’est pas ignoré par d’autres. On ne peut pas lui demander de dire dans un panégyrique la vérité, sous sa forme justement sévère, mais on peut en l’avertissant à temps, l’empêcher de dire des contrevérités et de s’extasier par exemple sur la générosité personnelle avec laquelle l’évêque a fondé les œuvres de son diocèse. Je demande à l’abbé Couvreux de vouloir bien y réfléchir et d’en écrire ensuite à Orléans où l’abbé Baunard a beaucoup d’aboutissants. Il me semble qu’il ne peut pas non plus négliger d’en avertir l’abbé Lagrange, afin qu’il soit de plus en plus encouragé dans le complet récit d’une vie si remplie d’exemples contraires.

Mille et Mille remerciements encore, chère, chère madame. J’attends à l’heure Élie de Gontaut5.

 

A. de F.

 

*Archives nationales. Fonds Castellane.

1Madeleine de Castellane (1847-1934), née Leclerc de Juigné ; sa belle-fille, mariée le 3 avril 1866 avec Antoine de Castellane.

2Saint-Maurice, cathédrale d’Angers.

3Mgr Pie.

4Baunard, Louis, abbé (1828-1919), chanoine d’Orléans.

5Gontaut-Biron, Élie de, vicomte (1817-1890), diplomate et homme politique. S'occupant d’œuvres charitables sous l'Empire, il entra en politique après le 4 septembre, se faisant élire en 1871 représentant des Pyrénées Orientales. Siégeant à droite, il se fit inscrire aux réunions Colbert et des Réservoirs. En janvier 1876, il fut élu au Sénat dont il sera membre jusqu'en 1883. Entre-temps, il avait été nommé par Thiers ambassadeur à Berlin, poste qu'il occupa du 4 janvier à sa démission en décembre 1877. Rentré dans la vie privée en 1882, il publia quelques articles remarqués dans le Correspondant, notamment (25 octobre 1889) contre l'alliance des monarchistes et des boulangistes.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «8 mai 1883», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1883,mis à jour le : 02/12/2019