1883 |
11 octobre 1883
Alfred de Falloux à Pauline de Castellane
11 octobre 1883*
Chère Madame,
Très peu de temps après vous avoir écrit que je ne recevais rien sur la polémique du charmant petit M. Delahaye, j’ai reçu deux journaux d’Indre-et-Loire, l’un par M. Lavedan, l’autre par vous plus vos deux lettres à M. de Villarmoy1, que vous devez retrouver sous cette enveloppe, en même temps que vous recevez votre journal sous bande, M. l’abbé Couvreux m’ayant recommandé de vous réexpédier le tout. En règle générale veuillez vous souvenir que j’écris toujours avant déjeuner n’étant jamais sûr du reste de ma journée et que le courrier arrive vers lundi en sorte que je puis écrire à 11 heures que je n’ai pas reçu ce qu’en effet je ne recevrai qu’à midi.
Votre correspondance la Villarmoy, chère Madame, a charmé M. de Blois, comme moi-même. M. de Villarmoy a toute la mauvaise foi et toute l’impertinence de son école. Vous avez parfaitement fait de le remettre à sa place et je suis ravi qu’il ait reçu une leçon si bien méritée. Je suppose qu’il se la tiendra pour dit et ne vous répliquera pas. Si cependant il est assez obtus pour faire semblant de ne pas comprendre, j’ose vous engager très simplement à lui bien témoigner notre parfaite dédain en ne lui répondant plus. Il ne faut user ni votre santé, ni votre temps dans une aussi triste besogne.
Je me recommande toujours à vous et à Melle Dubois2 pour la suite de la polémique qui évidemment n’est pas finie.
Tous les d’Armaillé3 viennent déjeuner demain avec leur mère, Madame de Blois4 à qui ils témoignent toujours une très apparente tendresse. Vous savez que ce ne sont jamais les démonstrations qui leur font défaut mais vous savez qu’en ne me fiant pas beaucoup et en engageant les autres à ne s’y pas trop fier, je jouis beaucoup de ces bonnes relations et tient beaucoup de ne laisser derrière moi aucune ombre de querelle, ni avec ceux-la, ni avec d’autres. Vous êtes aussi, chère Madame, du nombre de ceux pour qui tout le monde se réunit en vous offrant les plus vraies et les plus respectueuses tendresses.
A. de F.
Vous devez trouver ci-inclus une coupure du Gaulois qui aurait pu vous échapper et qui contient une merveilleuse citation des Débats sur les gens qui, comme le très grand pape Léon XIII, prétendent que pour leur être agréable on doit dire indifféremment le oui et le non pourvu qu’on s’unisse, sans savoir pourquoi ni sans savoir sur quoi.
*Archives nationales. Fonds Castellane.
1Villarmois, Eugène René Martial Joseph Arthur de La (1826-1892), homme politique, légitimiste. Il anime le comité monarchiste de l’Indre-et-Loire.
2Secrétaire de Falloux.
3Armaillé Louis de la Forest, comte d' (1822-1882), propriétaire foncier demeurant au château de La Douve, au Bourg d'Iré. Marié le 17 mars 1851 avec Célestine Marie Amélie, née de Ségur de Ponchapt (1830-1918).
4Marie Marguerite Augier de Crémiers (1852-1882), épouse de Georges-Aymar de Blois de La Calande, neveu de Falloux.
