CECI n'est pas EXECUTE 13 juin 1880

1880 |

13 juin 1880

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

13 juin 1880*

Chère Madame,

Je présume bien que l’abbé Couvreux ne quittera pas Rochecotte avant vous ; cependant, pour plus de sûreté, je fais passer d’avance ma réponse par vos mains.

Cher Monsieur le chanoine1, nous sommes tous très affligés que vous preniez la route d’Orléans au lieu de celle d’Angers et vous auriez dû au moins vous réserver jusqu’au vendredi inclusivement. Nous y perdons beaucoup et Mme de Castellane aussi, car vous oubliez qu’elle vient dans une maison toujours en disgrâce ecclésiastique. Le supérieur de Combrée2 n’a pas mis les pieds dans la maison depuis deux ans et je ne puis lui demander aucune faveur sur la semaine. L’abbé Guilloteau vient pour Mme de Caradeuc3, le dimanche, seulement, et encore ne suis-je pas sûr qu’il n’en soit pas victime à plusieurs égards. Le vicaire du Bourg d’Iré ne met pas non plus les pieds à la maison depuis les ordres de l’évêque4 contre mon frère5. Il ne nous reste absolument que le curé toujours très courageux, mais notre guignon veut qu’il soit obligé de s’absenter cette semaine ; M. Penaud6 a été l’avertir hier au soir de l’arrivée de Mme de Castellane ; malheureusement ce sont des affaires de famille qui l’appellent dans son pays natal et il lui est impossible de les remettre. D’où il résulte qu’il n’y aura qu’une messe à l’église et cette messe sera à six heures du matin. Exhortez donc Mme de Castellane à l’esprit du sacrifice et parvenez à la convaincre qu’un acte de charité comme celui qu’elle fait en faveur du Bourg d’Iré, vaut bien deux messes et en vaudrait même trois !

Quant au trajet entre les deux gares on a juste le temps de l’accomplir moyennant la diligence de Galzot, qui tiendra une voiture toute prête à la gare d’arrivée et aura tout préparé d’avance pour les bagages à la gare du départ pour Segré, dite gare de St Serge. Quant à l’arrivée à Noyant7, mercredi à cinq h. tout le monde sera à son poste pour fêter une si méritoire arrivée dont Mme de Caradeuc n’est pas la dernière à se réjouir.

Je remettrai très fidèlement les deux lettres que vous avez la bonté de me communiquer à Mme de Castellane et je ne dirai plus rien de Léon XIII. Je ne veux pas abuser d’une si triste victoire et je compte d’ailleurs, pour tout réparer, sur le prochain banquet à Chambord8.

Le poste de chapelain du Correspondant est fort envié et suscite plusieurs compétiteurs ; l’extrême-droite, dans la personne de Gaston de Ludre9, a là son candidat comme partout. Il me paraît certain, en tous cas, que l’élection sera retardée jusqu’à une saison plus favorable pour notre réunion totale ; d’ici-là, il est difficile de tirer un pronostic.

Veuillez ne pas m’oublier à Orléans et me croire, de loin comme de près, votre plus affectueusement et respectueusement ami.

Falloux

*Archives nationales. Fonds Castellane.

1Abbé Couvreux.

2Petite bourgade angevine, proche du Bourg d'Iré et où fut créé un collège catholique peu après le vote de la loi de 1850.

3Emilie-Marie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1801-1882), mère de Marie de Falloux. Elle était alors très malade.

4Mgr Freppel.

6Secrétaire de Falloux.

7Noyant-la-Gravoyère (Maine-et-Loire), commune proche du Bourg d'Iré.

8En signe de protestation contre les décrets proscripteurs à l’encontre des congrégations religieuses, les fidèle du comte de Chambord souhaitaient organiser un banquet pour fêter la Saint-Henri, le 15 juillet.

9Ludre, Gaston de (1830-1897), oncle d’Albert de Mun, il est alors collaborateur du Correspondant et le sera durant trente ans.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «13 juin 1880», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1880,mis à jour le : 30/12/2019