CECI n'est pas EXECUTE 25 février 1884

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25 février 1884

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

25 février 1884*

 

Chère Madame,

 

Albert [de Rességuier] a lu lui-même votre lettre et m’a bien vivement prié d’être aussi son intermédiaire près de tout Rochecotte.

Je suis bien résolu à ne pas quitter Paris avant d’avoir rempli des devoirs auxquels vous voulez bien vous intéresser, mais je ferai tout mon possible pour que ce soit dans la première partie de cette semaine afin d’avoir le temps de m’arrêter à Rochecotte entre Paris et Beaupréau1. Je vais tout à l’heure à la triste cérémonie de Sainte Clothilde je pense qu’en sortant de là je connaîtrai mes dates définitives y compris celle de Beaupréau. S’il en est ainsi je vous les transmettrai dès demain matin et avec grande joie si c’est pour vous demander un rendez-vous.

Je connaissais bien la pensée de Raoul de la Bourdonnaye2. C’était le vœu de Civrac3 et je ne doute pas de son succès s’il n’a pas un concurrent bonapartiste, qui ne serait pas dangereux dans 1’arrondissement4 qui est lui-même si peu bonapartiste, sans l’habileté très connue de ce concurrent que je vous nommerais très confidentiellement car il ne faut pas l’aider en prenant les devants pour lui.

Les nouvelles du pauvre blessé m’occupent beaucoup. Veuillez le lui dire si je ne vais pas le lui dire très vite moi-même. Je n’ai pas encore pu trouver la marquise de Juigné5 chez elle, mais son mari dit qu’elle ne va pas mal. Quand nous en direz-vous autant de vous-même, chère Madame. Les pilules de fiel de bœuf se sont un peu fait prier, mais elles semblent avoir pris leur parti. L’abbé Lagrange est venu me voir hier au soir à 17h 1/2 en forçant la porte bien entendu. Je l’ai congédié le plus gracieusement possible, mais sans l’écouter une minute. Vous devez recevoir deux Univers sous bande par le même courrier. Lavedan est redevenu un peu plus tendre. Je n’ai aucune nouvelle de votre nouvel archevêque6. J’ai rendu ma visite du mois dernier au nonce7 mais je l’ai trouvé au moment où il allait monter en voiture et j’en ai profité pour ne lui tire qu’un bonjour aussi court qu’empressé.

A. de F.

 

1Ville du Maine-et-Loire. Marie Durfort de Civrac, décédé le 21 février 1884, était maire et conseiller de Beaupréau.

2De La Bourdonnaye, Marie Ferdinand Raoul (1837-1911) sera le successeur de Durfort de Civrac dans sa circonscription. Élu à l'occasion de l’élection partielle, du 6 avril 1884, il siégera dans l’Union des Droites. Fidèle au comte de Chambord, il sera constamment réélu par le Maine-et-Loire jusqu'en 1906.

3Civrac Marie Henri Louis Durfort de (1812-1884), homme politique. Grand propriétaire foncier du Maine-et-Loire, il fut élu député de la 2ème circonscription de Cholet dès 1852 et ne cessa de la représenter jusqu'à sa mort, siégeant avec les légitimistes puis l'Union des Droites.

4Arrondissement de Cholet, en Maine-et-Loire.

5Le Clerc de Juigné, Charlotte (1825-1897), épouse du marquis Charles Leclerc de Juigné (1825-1886).

6Mgr Colet, Charles Théodore (1806-1883), archevêque de Tours depuis1874. était décédé le 27 novembre 1883. Son successeur sera en définitive Mgr Meignan.

7Mgr Di Rende (1847-1897) qui venait de succéder à Mgr Czacki était beaucoup moins favorable aux catholiques libéraux que son prédécesseur.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «25 février 1884», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1884,mis à jour le : 24/01/2020