CECI n'est pas EXECUTE 25 août 1884

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25 août 1884

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

25 août 1884

 

Chère Madame,

 

 

M. de Mackau est venu hier d’Alençon rejoindre sa femme1, sa fille2 et sa petite-fille. Nous voilà donc au complet avec des gens très heureux, très affectueux et très facile à vivre. Je crois que tout cela ne durera pas au-delà de cette semaine et que Mme de Quinsonas3 me restera toute seule à garder pendant que son mari4 s’amuse de son côté à faire toutes sortes de manœuvres avec son ancien régiment. Le maximum de ma liberté sera donc d’aller à Angers pour signer mes engagements au contrat de Georges de Blois et peut-être assister au mariage, mais cette dernière perspective n’est pas probable.

Pour me dédommager, je vous envoie ci-inclus un article du Monde très sévèrement blâmé par votre archevêque5 m’écrit Lavedan qu’il est venu voir à Vouvray. Lavedan croit qu’il est de Mgr d’Hulst6. M. de Mackau et moi nous ne les croyons pas. Nous ne le trouvons pas assez spirituel pour l’attribuer à ce monsignore paradoxal, sautillant, déhanché, très coterie, mais ayant certainement un talent.

M. André7 et moi en chargeons d’autant plus volontiers le baron d’Yvoire8 que j’ai reçu de lui une lettre qui avait l’intention d’être aimable mais qui était tout à fait dans le goût et dans la niaiserie de cet article. En tout cas, M. de Mackau qui est un des fondateurs du Monde avec M. Chesnelong va écrire à son journal pour savoir le fin mot et me promet qu’il me le dira, comme je promets de vous le répéter. Sous une plume ou sous une autre c’est une émanation de l’archevêché et à ce titre ce sera toujours regrettable. Je vous envoie sous bande un Univers où j’ai marqué trois articles. Ne me les renvoyez pas. Lavedan ne me parle plus des tirés à part. Je suppose qu’il y a renoncé sans vouloir m’en dire la raison et j’y renonce aussi bien volontiers. Les Mackau très Monde avant la lecture sont devenus très Rochecottins après.

 

A. de F.

 

 

*Archives du Maine-et-Loire.

 

1Marie Caroline Christine Amélie Mathilde de Mackau, née de Maison (1837-1886). Épouse d'Armand de Mackau depuis 1858.

2Marie-Anne Félixine de Quinsonas, née de Mackau (1860-1891), nièce d'A. de Falloux.

3

4Quinsonas, Humbert Octavien de (Pourroy de Laubérivière) (1856-1903), officier lieutenant de cuirassiers.

5Mgr Meignan.

6Hulst Maurice Le Sage d'Hauteroche d' (1841-1896), vicaire général de Paris, il avait été le fondateur, en 1875, de fut, comme Vicaire général de Paris, chargé par le Cardinal Guibert de fonder en 1875 l'Institut catholique de Paris, dont il fut le Recteur de 1881 jusqu'à sa mort. Il fut aussi député du Finistère et prélat domestique du pape. On le désigne souvent comme « Mgr d'Hulst ».

7Secrétaire de Falloux.

8Yvoire, François Bouvier baron d' (1834-1918), journaliste et homme politique. Entré en contact avec Mgr Dupanloup dés 1863, il devint un de ses proches et accepta sur ses instances, de diriger le Journal des Villes et des Campagnes en 1867 mais renonça quelques mois plus tard. Originaire de Haute-Savoie, il se présenta en 1869 contre le candidat officiel de ce département et fut élu avec les voix de Jules Favre qui s'était désisté en sa faveur. Militant de l'opposition libérale, il accueillait souvent Mgr Dupanloup à Yvoire. Candidat malheureux sous la République, il revint au journalisme, prenant, en mai 1876 la direction de La Défense, le journal de l'évêque d'Orléans. Deux ans plus tard, il quitte la direction du journal et se rend à Rome, où il se verra confier la rédaction du Journal de Rome fondé par le comte Conestabile pour soutenir l'action de Léon XIII. Revenu quelques mois plus tard en Savoie, il se rapprochera du comte de Paris et accueillera favorablement le Ralliement.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «25 août 1884», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1884,mis à jour le : 24/01/2020