CECI n'est pas EXECUTE 13 septembre 1884

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13 septembre 1884

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

13 septembre 1884*

Chère Madame,

 

J’étais en train d’envoyer les tirés à part, bien que si tardivement arrivés, lorsque la lettre de Léon XIII à l’évêque de Périgueux1 est venue me décourager tout à fait. J’ai trouvé que ce n’était plus la peine de rien envoyer à des évêques qui ne se souciaient plus de lutter contre les intentions et les volontés, si clairement manifestés, bien qu’en termes ambigus. J’ai pensé en même temps que je n’avais plus à lutter moi-même contre un Pape qui prenait la peine de se mettre personnellement en scène au profit de mes adversaires et surtout des siens.

Lorsque le coup de bâton sur la tête m’a été administré, voici les envois qui étaient accomplis déjà : tous les cardinaux, archevêques et évêques dont le troisième volume2 contient les lettres excepté le cardinal Lavigerie3 et l’évêque de Nîmes4. J’ai pensé que pour ces deux-là le Correspondant leur suffisait et qu’un envoi direct leur paraîtrait une bravade. À Rome, j’avais envoyé au cardinal Czacki5, au P. Sacchieri, secrétaire général de l’Index, grand ami de mon frère et qui m’avait témoigné lui-même beaucoup de bienveillance dans l’affaire Cochin-Freppel, à Mgr Galimberti6 représentant habituel du Vatican près du Moniteur de Rome, et au jeune laïque Carry (frère de l’abbé) que vous avez reçu à déjeuner à Évian, l’année dernière.

Veuillez dire à l’abbé Couvreux que le curé de Néris7 m’attribuant l’envoi de la brochure m’a remercié dans les meilleurs sentiments à tous les points de vue. Je viens de lui écrire pour le détromper. Je vous écris toujours, comme vous le savez, avant déjeuner. J’espère donc recevoir à midi de Rochecotte une lettre bien amusée par l’abbé Lagrange et bien convaincue par le texte même du cardinal Jacobini8 que je ne pouvais pas faire grand bruit d’une pure lettre de chancellerie répondant à un autographe exprimant les sentiments les plus empressés et les plus déférents.

 

Falloux

 

*Archives de Maine-et-Loire.

 

1Dabert, Nicolas-Joseph (1811-1901), évêque de Périgueux de 1863 à 1901.

2Il s’agit du 3ème volume de l’importante biographie consacrée à Mgr Dupanloup rédigée par l’abbé Lagrange.

3Mgr Charles Martial Allemand Lavigerie (1825-1892), archevêque d'Alger et de Carthage. Il sera créé cardinal en 1882.

4Mgr Besson.

5Mgr Czacki, Włodzimierz, (1835-1888). Nommé par Léon XIII à la nonciature de Paris, en 1879, il fut chargé d'appliquer la nouvelle politique du Saint-Siège et en particulier de convaincre les catholiques de ne plus lier leur intérêts à la cause royaliste et d'accepter les nouvelles institutions que la France s'était données. Considéré comme l'allié des catholiques libéraux, il n'était guère apprécié de Veuillot et de ses amis qui plaidaient auprès du Saint-Siège pour son remplacement. Secrétaire de la Congrégation des Études de 1875 à 1877, secrétaire de la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires de 1877 à 1879, cardinal en 1882.

6Galimberti, Luigi (1836-?), professeur au collège de la Propagande en 1860. Journaliste, il fut rédacteur du Moniteur de Rome, en 1882. Secrétaire des Affaires ecclésiastiques en 1886, il sera nommé cardinal en 1893.

7Néris-les-Bains, station thermale de l’Allier.

8Lodovico Jacobini (1832-1887), nonce à Vienne depuis 1874, il avait été nommé cardinal en 1879, et venait d'être nommé secrétaire d'État. Il était peu favorable aux catholiques libéraux.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «13 septembre 1884», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1884,mis à jour le : 24/01/2020