CECI n'est pas EXECUTE 25 septembre 1884

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25 septembre 1884

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

25 septembre 1884*

Chère Madame,

 

M. Rossi1 m’est arrivé à pied de Noyant et a fait son entrée inattendu au moment où les d’Armaillé2 étaient venus très affectueusement, père, mère et enfants, déjeuner avec les Blois3 à qui ils ont tous fait un excellent accueil. Rossi avait commencé par descendre à Angers au Cheval Blanc et aller chez M. Loriol4. Il avait évidemment pour but de constater l’authenticité et la portée du sous-seing par mon frère5 qu’on lui oppose. Il en a été apparemment très embarrassé ou très convaincu ; il ne m’a parlé que du pèlerinage pieux qu’il venait faire au Bourg d’Iré, sans me dire un mot d’affaires. Cela m’arrangeait trop bien pour que je le fisse sortir de là et nous avons joué tout les deux la même comédie en parfait accord.

N’ayez donc pas la bonté le croire, chère Madame, que cette visite m’ait causé le moindre souci. Je vois qu’elle sera très courte et vous pouvez être sûre qu’elle se terminera dans les mêmes termes de neutralité de ma part. Il retournera ensuite chez M. Loriol très à cheval sur ses papiers et sur son dire : «  Toute disposition faite par le cardinal6 sur ce qui lui appartient sera fidèlement respectée. Toute disposition prise sur ce qui nous appartient sera nulle et non avenue, en fait comme en droit. Ce qui appartient à son frère est très clairement délimité par le sous-seing. Le tout monte à environ trois cent mille francs. Estimez-vous très heureux de ce résultat et ne réclamez pas un sous de plus. Ce serait bien inutile et gracieusement onéreux pour vous. » Il est très probable que ce langage va triompher et je m’y prépare par un emprunt de 300.000 que M. Loriol affirme pouvoir me négocier sans difficulté et sans hypothèque grâce à ma bonne réputation, paraît-il, d’administrateur exact et régulier. Cet emprunt fait, il me restera encore un héritage de 18.000 francs par an et de mon côté, je trouve cela aussi fort joli pour le cul-de-sac des Jacobins7.

Les Blois8 sont et doivent être très contents de l’accueil qui leur est fait ici et j’en jouis aussi beaucoup pour mon compte. Ils parlent toujours de leur excursion à Rochecotte comme de leur projet le plus chez après leur visite ici. Ce sera, je pense, dans le courant d’octobre, ce qui va dépendre de quelques retours de noce9 sur la date desquelles ils ne sont pas encore bien fixés.

Pour moi, mon parti est bien invariablement arrêté et je vous arriverai aussitôt que je serai rendu libre par le départ de mes hôtes actuels.

Je reconduirai le dernier à Angers et de là prendrai tout de suite le chemin de fer qui me conduira vers vous.

 

A. de F.

 

*Archives du Maine-et-Loire.

 

1Rossi, Alessandro (1818-1898), industriel et homme politique italien. Monarchiste et catholique, il fut élu député en 1866 puis sénateur quatre ans plus tard.

2Henri d'Armaillé (1820-1892), fervent légitimiste, propriétaire du château de La Douve, au Bourg d’Iré, proche voisin de Falloux, et son épouse Gabrielle de Buisseret-Steebecque de Blarenghien (1836-1892).

3Georges-Aymar de Blois de La Calande et son épouse Marie Marguerite Augier, née de Crémiers (1852-1882).

4Notaire de Falloux.

5Mgr Frédéric de Falloux, qui venait de mourir.

6Mgr Frédéric de Falloux était cardinal.

7Nom que donne souvent Falloux à son domicile situé Impasse des Jacobins à Angers.

8Georges-Aymar de Blois de La Calande et son épouse Marie Marguerite Augier, née de Crémiers (1852-1882).

9Les Blois venaient de se marier.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «25 septembre 1884», correspondance-falloux [En ligne], 1884, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 24/01/2020