1881 |
2 novembre 1881
Alfred de Falloux à Sully Prudhomme
Paris, 2 novembre 1881
Monsieur le comte, je n’ai pas eu l’honneur de vous être présenté, et je regrette aujourd’hui d’autant plus d’être un inconnu pour vous que j’ai posé ma candidature à l’Académie française. Je puise toutefois quelque confiance dans l’assurance qu’on me donne que les graves pensées qui vous occupent ne vous rendent indifférent à aucun genre littéraire, et que les productions poétiques, même récentes trouvent en vous un juge attentif. S’il en est ainsi, peut-être vous souvenez-vous de la distinction dont l’Académie m’a honoré, il y a quatre ans, en décernant le prix Vitet1 à mes ouvrages, et peut-être excuserez vous l’ambition téméraire qui me fait aspirer à obtenir de la compagnie, pour mes efforts qu’elle a encouragés, la suprême récompense.
Veuillez agréer, Monsieur le comte, l’expression de mes sentiments les plus respectueux
Sully Prud’homme2
1Le prix Vitet avait été crée en 1873 par l’Académie française pour récompenser une œuvre littéraire.
2René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme (1839-1907), poète, élu à l’Académie française le 8 décembre 1881, il sera le premier lauréat du prix Nobel de littérature en 1901.