CECI n'est pas EXECUTE 13 mars 1882

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13 mars 1882

Ferdinand Roze à Alfred de Falloux

Paris, 13 mars 1882

M. le comte, nous sommes convenus, vous le rappelez, de ne parler de votre démission qu’après le dernier discours ministériel. Ce dernier discours est celui prononcé à la distribution des prix du grand concours.

J’ai donc supprimé à l’en-queue de l’exposé des motifs du projet de loi sur l’enseignement, la mention de votre démission. Mais M. de Rességuier et moi1, nous avons pensé que c’était là qu’il fallait indiquer pourquoi vous n’aviez pas pris part à la discussion du projet de loi.

Nous avons donc mis ceci : « Suivait le texte du projet de loi qui devant la loi du 15 mars 1850. M. de Falloux, gravement malade et absent de Paris, ne put prendre part à aucune des trois délibérations.

Cela nous conduira, il est vrai, à parler une seconde fois de votre maladie quand nous en viendrons à votre démission :

« Ce discours fut le dernier que prononça M. de Falloux comme ministre de l’instruction publique et des cultes. Une maladie grave dont il fut atteint vers la fin de septembre l’obligea de donner sa démission ; il fut remplacé le 31 octobre 1849 par M. de Parieu2.

L’inconvénient ne me paraît pas sérieux ; car cette seconde mention de votre maladie sera éloignée de la première de 30 pages qui représentent le discours sur l’expédition de Rome. Je pourrais même dire 40 pages avec le discours à la Sorbonne.

Si cependant vous désiriez qu’il fût fait autrement, veuillez nous en prévenir immédiatement. L’en-queue a été rédigé avec le texte ci-dessous sur le placard contenant l’exposé des motifs de la loi de l’enseignement ; l’épreuve ne va donc pas tarder à suivre et d’ici à deux jours, nous aurons les placards contenant la fin du discours sur l’expédition de Rome et les discours à la Sorbonne.

Je reviens au Parti catholique, je n’ai pas le texte sous les yeux ; j’ai remis la brochure à M. Jardry3, pour y transcrire les corrections adoptées par vous. Je vous renvoie donc, de mémoire, au passage où vous parlez de la nomination des deux commissions et du retrait du projet de loi Carnot4. Je vous proposais à peu près ceci : la nomination de deux commissions chargées de préparer des lois sur l’instruction primaire et sur l’instruction secondaire, le retrait du projet de loi présenté par M. Carnot suffirent pour soulever les tempêtes. Vous me demandez de supprimer la nomination de deux commissions…

Je reconnais que cela allonge la phrase et je consens à la suppression. Je tiens cependant à vous dire le motif qui m’avait fait mentionner les commissions ; il me semblait en effet que c’était encore plus à la nomination des commissions qu’au retrait du projet de loi Carnot que l’assemblée avait voulu répondre en nommant de son côté une commission chargée de préparer un projet de loi. Il y a là une opposition de commissions à commissions qui frappent davantage.

Nous avons refait hier le calcul de la pagination du 2ème volume. M. Jardry a dû le compléter chez M. de Rességuier à qui j’ai confié la brochure sur le Scepticisme avec vos observations afin qu’il en prenne connaissance et vous donne son avis sur la nécessité ou non d’un en-tête. J’estime qu’avec les pages blanches nous ne serons pas loin de 480 pages. Voulez-vous aller jusque-là ?

J’espérais vous envoyer aujourd’hui la fin de l’Itinéraire, hélas ! j’y renonce et cependant je n’ai pas perdu de temps, je vous assure.

Veuillez agréer, M. le comte, l’assurance de mon profond respect que dévouement.

F. Roze

Veuillez, je vous prie, ne pas m’oublier auprès de M. Penaud5.

Mon père6 vous présente ses respectueux hommages.

1F. Roze et A. de Rességuier assistés de Jardry collaboraient à l’édition d’un ouvrage de Falloux rassemblant certains de ses discours et articles qui allait paraître sous le titre de Discours et mélanges politiques, Paris, Plon, 1882.

2Parieu, Félix Marie Louis Pierre Esquirou de (1815-1893), homme d’État, le 31 octobre 1849 il avait succédé à Falloux au ministère de l'Instruction publique et des Cultes, fonction qu'il conservera jusqu'au 24 janvier 1851. Il fera voter la loi de l'enseignement élaborée par Falloux. Vice-président du Conseil d’État de 1855 à 1870, il sera ministre présidant le Conseil d’État du 2 janvier 1870 au 10 août 1870. La « petite » loi Parieu, loi de l'enseignement élaborée par Falloux et quelque peu amendée sera votée le 15 mars 1850.

3Secrétaire de Falloux.

4Lazare Hippolyte Carnot (1801-1888), homme politique. Second fils de Lazare Carnot, membre du Comité de Salut Public, il était acquis comme son père aux idées républicaines. D’abord saint-simonien, il fut élu en 1839 député de l'opposition radicale sous la Monarchie de Juillet. Nommé par le gouvernement provisoire ministre de l’Instruction publique et des Cultes du 24 février au 11 mai 1848 et du 29 juin au 5 juillet 1848, puis ministre de l'Instruction Publique du 11 mai au 28 juin 1848. Hostile au projet d'enseignement déposé par Carnot, Falloux avait largement contribué à le faire repousser par l'Assemblée. Élu à la Constituante et à la Législative, Carnot fut un des rares élus de l'opposition républicaine sous l’Empire. Membre de l’Assemblée nationale en février 1871, il fut l’un des fondateurs de la Gauche républicaine. Il devint sénateur inamovible en décembre 1875.

5Secrétaire de Falloux.

6Roze, Pierre-Gustave (1812-1883), militaire. Promu enseigne de vaisseau en 1837, il avait pris part à l'expédition du Mexique. Capitaine de vaisseau en 1856, contre-amiral en 1862, il sera nommé gouverneur de Cochinchine en 1865. Il avait quitté le service actif en 1877.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «13 mars 1882», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1882,mis à jour le : 12/11/2020