CECI n'est pas EXECUTE 9 janvier 1880

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9 janvier 1880

Alfred de Falloux à Jules de Bertou

9 janvier 1880

Cher ami, je ne suis point coupable de ne vous avoir pas dit l’adresse de Denys [Cochin]1 parce que je l’ignore, mais j’ai eu grand tort de ne pas vous confesser mon ignorance. Je sais seulement qu’il demeure chez sa belle-mère et non chez sa mère, rue de Varenne. Il m’avait écrit de la Roche et c’est là que je lui avais répondu mais c’était dans l’hiver moins avancé.

J’ai remercié M. l’abbé Chapon2 pour avoir lu son volume prêté en ce moment à l’abbé Guilloteau : j’espère qu’il aura prit mon silence sur sa citation pour de la modestie et je tacherai de me rattraper plus tard. Je ne me doutais pas que M. de Saint Génys3 fussent À Saint-Martin ; veuillez glisser mon fidèle souvenir dans quelques-unes de ses visites ou de vos rencontres. Quant à M. Dubreuil (de la Sarthe) je ne me le rappelle pas du tout.

Je ne reçois pas plus que vous L’Unité nationale, qui m’avait été promise pour mes étrennes ; mais il paraît que c’est précisément le premier de l’an qui nous a porté malheur et j’attends de jour en jour une réparation pour vous et pour moi. Quand vous verrez Jules Saché, félicitez-le de ma part d’avoir déniché si fort à propos la citation de Cavaignac.

Je ne pleure pas beaucoup Poujoulat4; on n’en trouvera toujours de pareil pour faire de pareils métiers.

Je déplore la rechute du mauvais temps qui va empêcher de pousser le blé et les articles sur Montalembert, deux choses fort désirables. Puissent au moins vos souffrances ne sent pas trop ressentir, ici nous sommes assez bas pour ne plus descendre.

Alfred

P.S. Jardry vient d’obtenir un avancement qu’il désirait. C’est de la chance pour le ministère.

1Cochin, Denys (ou Denis) Marie Pierre Augustin (1851-1922), écrivain et homme politique. Fils d'Augustin Cochin, il fut attaché d'ambassade à Londres auprès du duc de Broglie. Député de Paris de 1893 à 1919, il fut l'un des principaux leaders du parti catholique à la Chambre. Œuvrant en faveur du ralliement des catholiques à l'Union sacrée, il sera nommé ministre d’État dans le cabinet Briand (octobre 1915-décembre 1916) puis sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Invoquant la rupture de l'Union sacrée il démissionna. Auteur de plusieurs ouvrages, il fut élu à l'Académie française en 1911.

2Chapon, Henri-Louis (1845-1925), ecclésiastique. Ordonné prêtre le 22 mai 1869 par Mgr Dupanloup, il sera vicaire général et chanoine honoraire de Nantes (1894) puis nommé évêque de Nice en 1896.

3Saint-Genys, Arthur de (1829-1887), peintre.

4Poujoulat, François (1808-1880), journaliste et historien, député légitimiste à la Constituante et à la Législative. Il fut l’un des principaux rédacteurs de L’Union, journal légitimiste. Il venait, comme Louis Veuillot, de consacrer un article à à la défunte. Il venait de mourir, le 5 janvier.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «9 janvier 1880», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1880,mis à jour le : 19/03/2020