CECI n'est pas EXECUTE 1er décembre 1880

1880 |

1er décembre 1880

Alfred de Falloux à Jules de Bertou

Le Bourg d’Iré, 1er décembre 1880

Cher ami,

Je ne sais si la discussion sur le comice agricole au Sénat pourra passer sous vos yeux, en tout cas elle n’a rien de remarquable que le résultat qui paraît bon. Les sénateurs angevins avaient réclamé leur droit de prendre la parole dans cette affaire mais le général d’Andigné1 était appelé en Anjou par le service de sa mère et M. Le Guay2 à l’Isle pour je ne sais quoi. M. Joubert3 a donc pris la charge à l’improviste et, soutenu ensuite par Kerdrel, il a obtenu de M. Girard la promesse d’une circulaire qui donnerait satisfaction à tout le monde. Je pense que L’Union de l’Ouest et Le Maine-et-Loire vont informer leurs lecteurs de ce saisir d’une réclamation juste. À Segré la première nouvelle en a déjà causé beaucoup de satisfaction.

Le pauvre Arthur [de Cumont] venu ici pour 24 heures seulement ne repartira que demain ; il y a trouvé Albert [de Rességuier] retenu encore pour quelques jours et M. de Blois qui vont bien me tirer d’embarras pendant que M. Penaud4 soutient sa thèse à Paris. Vous pouvez voir par là que la conversation n’a point chômé et le pauvre Arthur qui se met à pleurer tout seul dès qu’il ne parle pas, a été forcé de sortir de son abattement bon gré, mal gré. Malheureusement il se croit tout à fait dans l’obligation de partir demain mais auparavant nous avons décrété à l’unanimité que LUnion n’était en vente que pour la forme, que M. le comte de Chambord avait ses mesures toutes prises d’avance pour la racheter et que vous auriez bien grand tort de ne pas saisir cette occasion pour vous défaire de vos actions. Nous ne doutons pas que vous y avez songé je vous demande de me confier comment vous vous y serez pris. Cela me reporte involontairement aux fonds miguellistes5 dont je n’ai aucune nouvelle, mais que je fais néanmoins poursuivre par un chargé de pouvoir.

Mme de Caradeuc6 est encore dans sa lune de miel avec la sœur Edwige7, elle se querelle beaucoup moins avec elle qu’avec celle qu’il avait remplacée. Nous y gagnons un peu plus de calme mais le fond de l’état est toujours le même, sauf un peu plus de déclin, lent mais continu.

Albert se flatte de vous faire une visite en traversant Angers, mais il hésite encore sur la route qui le mènerait ou non à Rochecotte pour passer une soirée. Il vous envoie, comme moi comme Arthur Mille tendresses, M. de Blois y ajoute un fidèle souvenir.

Falloux

1Andigné Henri Marie Léon d', marquis (1821-1895), militaire et homme politique. Pair de France en 1847, général de brigade en 1875, il était entré en politique en se faisant élire en 1876 au Sénat, comme candidat conservateur par le Maine-et-Loire. Il sera constamment réélu dans la chambre haute où il siégera jusqu'à son décès.

2Le Guay, Albert Léon (1827-1891), homme politique, riche propriétaire du Maine-et-Loire. Nommé préfet du Maine-et-Loire le 28 mars 1871, il était entré dans le gouvernement de l’Ordre moral comme secrétaire général du ministère de l’Intérieur du 17 juin 1873 au 21 décembre 1874. Il avait été élu sénateur du Maine-et-Loire le 30 janvier 1876, siège qu’il conservera jusqu'à son décès.

3Joubert André (1847-1891), collaborateur du Correspondant de 1869 à 1880 et de plusieurs revues d'Anjou.

4Jérôme Penaud, secrétaire de Falloux.

5Les partisans de Don Miguel au Portugal. Ils s’étaient opposés à la désignation de Dona Maria (1819-1853) comme reine du Portugal, sous le nom de Maria II (1834-1853). Sans doute une allusion aux dissensions entre légitimistes et orléanistes en France.

6Caradeuc, Emilie-Marie-Charlotte de, née de Martel (1801-1882), belle-mère de Falloux. Elle est alors très malade.

7Aide-soignante de Mme de Caradeuc.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «1er décembre 1880», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Troisième République, 1880,mis à jour le : 31/03/2020