CECI n'est pas EXECUTE 13 octobre 1881

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13 octobre 1881

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

13 octobre 1881

Cher Monsieur l’abbé,

Nous n’avons pas encore réussi à retrouver une médecine qui convient à Mme de Caradeuc1. Les anciennes sont usées, les nouvelles servent mal ou ne servent pas du tout ; pendant ce temps, elle s’agite et paraît s’inquiéter davantage. Ce n’est donc pas le cas de la quitter et je dois ajourner Rochecotte jusqu’à ce que Dieu daigne le permettre plus visiblement.

Si le départ de Guérin n’était pas chose si triste et auquel je compatis si personnellement, je rirais bien volontiers de l’idée de demander un cuisinier au Bourg d’Iré. Cependant, pour que vous ne me croyez pas de mauvaise volonté, voici ce que je puis mettre à votre disposition : Mme Noëlle, que le changement d’air rajeunira peut-être, Jeanne Thibaut que M. le Curé ne manque jamais d’appeler pour ses grands dîners d’adoration perpétuelle, et la Thierry très renommée dans toutes les noces pour la sûreté de jarrets, avec laquelle elle apporte le rôti en dansant, sans répandre une goutte de sauce. Si Mmede Castellane fait un choix entre ces trois excellents sujets, je suis prêt à entrer en négociation.

Veuillez me mettre au pied de Mme la duchesse de Talleyrand2 et offrir au prince Furstenberg, tous les vœux que j’aurais été heureux de lui offrir de vive voix.

Lisez, lisez tous dans la Revue des Deux Mondes les articles d’Othenin d’Haussonville3 sur la misère à Paris. C’est M. de Melun avec beaucoup plus d’esprit et plus de hardiesse et par quelques accents c’est presque du Saint-Vincent-de-Paul. Quand je me parle de lui à moi-même je me l’appelle Vincent d’Haussonville et s’il doit venir cet automne à Rochecotte je serais bien désespéré si je ne puis m’y trouver.

A. de F.

1Emilie-Marie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1801-1882), mère de Marie de Falloux. Elle était alors très malade.

2Sans doute Dorothée de Talleyrand-Périgord Castellane (1862-1948), épouse depuis le 6 juillet 1881 du prince de Furstenberg (1859-1896), puis en 1898 du comte Jean de Castellane (1868-1965), frère de Boni de Castellane (1867-1932), fils d’Antoine de Castellane.

3Haussonville, Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d’ (1810-1884), diplomate et homme politique. Il commença sa carrière de diplomate comme attaché à l’ambassade de France à Rome auprès de Chateaubriand en 1929. Après la révolution de 1830, il continua sa carrière diplomatique à Bruxelles, Turin et Naples. Il avait épousé en 1836 la sœur d’Albert de Broglie, Louise Albertine de Broglie. Ayant démissionné de ses fonctions de secrétaire d’ambassade en 1842, il se fit élire à la Chambre des Députés (collège de Provins). Ayant protesté contre le coup d’état du 2 décembre, il se réfugia quelque temps à Bruxelles. Collaborateur de la Revue des Deux Mondes, il fut l’un des chefs de file de l’Union libérale. Le 29 avril 1869, il fut élu à l’Académie française. Après la chute de l’Empire, il se tint à l’écart de la vie politique. Le 15 novembre 1878, il fut néanmoins élu, en tant que républicain conservateur, sénateur inamovible.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «13 octobre 1881», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1881,mis à jour le : 25/03/2020