CECI n'est pas EXECUTE 25 juillet 1885

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25 juillet 1885

Albert de Rességuier à Alfred de Falloux

Faye par Decize (Nièvre), 25 juillet 1885

Cher ami, ne pouvant profiter en aucune façon de votre séjour à Paris, pendant ce torride anniversaire des journées de 1830, je souhaite que vos fonctions de Salomon vous retiennent le moins possible dans cette fournaise et que vous alliez, au plus vite, féliciter de Broglie de la belle lettre que l’imprudente attaque de Tirard1 lui a donné l’occasion de décocher à Ferry et Cie, à propos du Tonkin. Joignez je vous prie mes félicitations aux vôtres, et aussi mes vœux patriotiques les plus ardents pour que les électeurs de l’Eure lui rendent cette tribune dont il sait faire un si bon et si magnifique usage. Moins je compte sur un grand nombre de royalistes à la prochaine chambre plus je sens le besoin que nous y soyons représentés par un chef considérable et éloquent. Augustin2 vient de nous revenir de Paris, nous ramenant Camille3 de chez les Daru4, et Madame Cochin5 très fière d’avoir ressuscité à La Roche6, Madame Craven qu’elle n’a laissé partir pour Ussé7 que complètement rétablie. Vous ai-je écrit que j’ai trouvé Madame de Montalembert8, dans la rue du Bac9 et également hors d’affaire à mon dernier passage à Paris. Elle a été fort éloquente sur la question Pitra10. Je vois avec peine s’achever le temps de mon séjour auprès de Berthe11 qui, sans être malade, Dieu merci, est loin d’être dans l’état où je la voudrais et avec des forces proportionnées à ses occupations et préoccupations maternelles. C’est le 1er août, au matin que je compte partir pour Bouligneux12 avec Augustin. Trois jours suffiront pour notre inspection et le règlement de nos affaires. J’espère donc être à Sauveterre13 le 5 ou le 6 août. Paul14 m’y attend impatiemment et je vous demande de m’y adresser vos nouvelles sans préjudice de celles que je peux encore recevoir ici, ou si vous le préférez à Bouligneux par Villars les Dombes, Ain. Bonne nouvelle des Pérignon15 qui sont tous à Biarritz. J’en ai, aussi, de Monabri16Madame de Castellane était attendue avant son départ pour Juigné17. Je suppose qu’elle doit y être maintenant, et je vous prie de lui transmettre mes fidèles hommages. Mille millions de tendresses.

Al.

Bagnoles18 vous a-t-il vraiment fait quelque bien ?

 

1Tirard, Pierre Emmanuel (1827-1893), homme politique. Député d’extrême-gauche de la Seine de 1871 à 1876. Il sera réélu dans le même département par l’Union Républicaine jusqu’en 1885, date à laquelle, il sera nommé sénateur inamovible. Républicain anticlérical et franc-maçon, adversaire du boulangisme, il sera appelé par Sadi Carnot à former un gouvernement en février 1889. Mis en minorité par les sénateurs, il se retire le 14 mars 1890.

2Augustin Rose Ange Benoist d'Azy, baron (1829-1890), gendre d’A. De Rességuier.

3Camille Pauline Benoist d’Azy (1876-1912), fille de Berthe Benoist d’Azy, née de Rességuier et d’Augustin Benoist d’Azy.

4Daru, Napoléon, comte (1807-1890), fils de l’un des dignitaires de Napoléon Ier, polytechnicien et officier d’artillerie. Entré à la Chambre des Pairs en 1832 où il prit part activement aux débats (en particulier dans la question des chemins de fer) ; député de la Manche en 1848 et 1849 ; adversaire intransigeant de Louis-Napoléon, il fut arrêté en 1851 et se retira de la vie publique jusqu’en 1869, date de sa réélection comme député de l’opposition libérale (département de la Manche). Devenu l’un des chefs du centre gauche, il représenta cette tendance dans le ministère Ollivier du 2 janvier 1870. Après l’inauguration de l’Empire libéral, il fut nommé ministre des Affaires Étrangères le 2 janvier 1870, mais démissionne le 11 avril 1870. Élu à l’Assemblée nationale puis au Sénat ; devenu monarchiste il fut un ferme partisan de l’Ordre moral. Non réélu en 1879, il se retira de la vie politique.

5Cochin, Adeline, née Benoist d'Azy (1796-1880), veuve d’Augustin Cochin.

6Château de La Roche, propriété des Cochin, sur la commune du Coudray-Montceaux (Essonne).

7Château d’Ussé, à Rigny-Ussé, en Indre-et-Loire, appartenant au comte de Blacas.

8Marie-Anne Henriette dite Anna de Montalembert, née de Mérode (1818-1904), veuve de Charles de Montalembert avec qui elle s'était mariée en 1836.

9Domicile parisien des Montalembert dans le 7ème arrondissement.

10Pitra, Jean-Baptiste (1812-1889), bénédictin, historien de l’Église et patrologue. Sacré évêque de Frascati le 1er juin 1879, il avait été transféré au siège de Porto et Sainte-Rufine en mars 1884 en tant que sous-doyen au Sacré Collège.

Voir lettre de Bennetot à Falloux du 19 juillet 1885.

11Berthe Benoist d’Azy (1850-1899), née de Rességuier.

12Propriété des Benoist d’Azy, dans l’Ain.

13Château appartenant aux Rességuier, dans le Gers.

14Paul de Rességuier (1812-1889), frère aîné d'Albert de Rességuier.

15Famille apparentée aux Rességuier, Geneviève de Rességuier (1842-1904) ayant épousé Dieudonné Henri Marie de Pérignon (1840-1889).

16Demeure de la princesse Sayn-Wiitgenstein (1818-1916), à Lausanne, en Suisse.

17Château de Juigné, à Juigné-sur-Sarthe (Sarthe). C'est la propriété des Leclerc de Juigné auxquels les Castellane sont alliés par le mariage de leur fille Madeleine (1847-1934) avec Antoine de Castellane.

18Bagnoles de l’Orne, station thermale dans l’Orne.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «25 juillet 1885», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1885,mis à jour le : 16/06/2021