CECI n'est pas EXECUTE 26 juin 1885

1885 |

26 juin 1885

Albert de Rességuier à Alfred de Falloux

Dieppe, Seine inférieure, rue Aguado 14 bis, le 26 juin 1885

Cher ami,

D’après les indications que vous donnez pour vous adresser ces lignes, je veux bien croire à l’existence de Bagnoles1; mais j’attends votre témoignage pour être bien assuré que sa prétendue buvette et sa prétendue baignoire ne sont pas de pure invention du Docteur Herpin2. Puissiez-vous m’apprend que vous en usez réellement et que vous en éprouvez quelques bons effets ! Quoique le temps continu à nous être bien peu favorable et que le soleil ne se soit montré à ne à ce jour depuis notre arrivée, Berthe3 prend ses mains avec une conscience et un courage admirable. Elle a hâte d’en voir la fin pour aller retrouver à Faye4 son mari et ses enfants. Nous sommes toujours absolument seuls de notre espèce et la liste des étrangers ne s’est grossie, jusqu’à présent, que de noms anglais ou américains qui nous sont également inconnus. Bagnoles lui-même, ne peut pas être plus désert que la plage de Dieppe. Nous nous accommodons du reste, à merveille, de ce régime et nous nous reposons du tumulte et du bavardage parisien avec très grande satisfaction. Nous remplissons le temps qui n’est consacré ni à l’église ni au casino, ni à la promenade, ni aux journaux par la lecture, dans la journée des lettres du père Lacordaire à Mme de Prailly5 ou de Madame de Sévigné aux correspondants que vous connaissez bien, et le soir d’une charmante collection des chefs-d’œuvre dramatiques de Regnard, Destouches et Marivaux. Que n’avez-vous quelques candidats de cette espèce pour lui donner ce fauteuil que je vous félicite bien du moins, d’avoir refusé à Léon Say6. Je regretterai, peut-être, Bornier7 sans son discours au Panthéon ; mais qu’il serait méritoire d’accorder au plus digne, sinon au moins lourd le siège secourable qu’il vous demande !

Mille tendresses

Al.

 

1Bagnoles de l’Orne, station thermale en Normandie.

2Médecin de Falloux.

3Berthe Benoist d'Azy (1850-1899), fille cadette d'A. de Rességuier.

4Château de Faye, dans la Nièvre, domaine appartenant à la famille Benoist d'Azy.

5Lettres du R P Lacordaire à Mme la Baronne de Prailly publiées par le R P ,B Chocarne, Paris, 1885.

6Say, Jean-Baptiste-Léon (1826-1896), économiste et homme politique. Député et préfet de la Seine en 1871, il fut nommé ministre des Finances le 8 décembre 1872, poste qu'il conservera jusqu'à la chute de Thiers (24 mai 1873). Il sera à nouveau ministre des Finances en 1875, 1877, 1879 et 1882. En 1886, il fut élu à l'Académie française.

7Bornier, Etienne Charles Henri, vicomte de (1825-1901), auteur dramatique, il s’était porté candidat à l’Académie française au siège de Rémusat.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «26 juin 1885», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1885,mis à jour le : 04/11/2020