CECI n'est pas EXECUTE 17 mars 1882

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17 mars 1882

Ferdinand Roze à Alfred de Falloux

Paris, 17 mars 1882

Monsieur le comte, j’interromps mon travail pour répondre à votre lettre de ce matin je m’y prends un peu tard au risque de terminer cette lettre comme ses devancières par le refrain connu : l’heure de la poste etc. Cette pauvre poste a sur la conscience d’avoir servi d’excuse ou plutôt de prétexte à bien des correspondants à court d’idées, mais ici, l’étendue des volumes dont je vous inflige la lecture est un gage de ma sincérité.

Pour un homme pressé, quel exode ! Je vous ai déjà fait part hier de mes appréhensions pour la longueur du second volume Je vois que vous le partagez. Vous me proposez la suppression de la Convention du 15 septembre et de l’introduction devenue une clôture. Je voudrais, avant de vous exprimer une opinion formelle, relire la Convention mais je puis vous dire dés à présent que la lecture attentive que j’en n’avais fait m’avait laissé une impression très favorable. Cet article me semblait être la conclusion des articles précédents ; nous y prévoyait l’entrée des Piémontais à Rome. Vous blâmez l’attitude des libéraux et vous leur donnez des conseils qui sont encore d’actualité. Ce sont là des raisons qui m’avaient frappé en faveur du maintien.

Quant à l’introduction-clôture, je vous avoue que j’avais été sur le point de vous en demander de moi-même la suppression. Après hésitation, uniquement causée par la crainte de dépasser la mesure que nous nous sommes assignés (admirez ce nous!) je m’étais décidé pour le maintien parce que j’y voyais un résumé très net et très court des autres articles. Mais si un sacrifice est nécessaire, je ferai celui-là et je vous assure que ce mot sacrifice est sincère, car je trouve l’Itinéraire extrêmement intéressant et éloquent d’un bout à l’autre. Supprimons donc, si vous le voulez, l’Introduction.

Dans ma lettre d’hier je vous ai proposé la suppression de la lettre à la Gazette de France. Elle me paraissait ne pas ajouter beaucoup à l’Itinéraire, dont elle allait se trouver rapprochée ; elle me paraissait aussi un peu trop d’actualité pour ne pas exiger quelques éclaircissements qui allongeraient encore.

Je m’en rapporte d’ailleurs au jugement de M. de Rességuier à qui je l’ai remise ; Si vous en décidez l’insertion, je demanderai à M. de Rességuier de vouloir bien en préparer l’en-tête. Non que je recule devant la besogne, mais j’ai encore bien des brochures à revoir, Elections de 1869, Question monarchique, Contre-révolution, Unité nationale, Conférence de la rue de Grenelle et je voudrais me tenir prêt à l’appel de M. Plon.

Vous ne me parlez pas de votre brochure des Elections de 1869 ; je ne pense pas que vous ayez l’intention de supprimer le peu que vous en conservez. Il y a, notamment sur l’abstention des pages bien utiles à publier. Mais je ne vous en parle pas aujourd’hui, sinon pour vous en demander le maintien ; dès que j’aurai achevé mon travail de révision, et peut-être pratiquerais-je plus de coupures dans les autres parties de la brochure que vous ne m’en avez indiqués, je vous l’enverrai.

Je ne crois pas décidément qu’il faille d’en-tête à l’article : Antécédents de la situation ni peut-être à celui : Du devoir. J’hésite toutefois pour ce dernier, je consulterai M. de Resseguier.

Je vous l’avais bien dit : l’heure de la poste… et pourtant, j’ai encore quelque chose à vous dire et qui m’est pénible. Vous nous avez très gracieusement offert des billets pour l’académie et Madame Roz, non sans remords d’abandonner son jeudi, avait cédé à la tentation. Mais voilà qu’hier soirs nous avons reçu le faire-part du mariage d’un de nos amis, précisément pour jeudi et à une heure trop tardive pour permettre d’aller à l’académie. Il ne serait pas aimable à nous de ne pas apporter nos vœux à ce jeune époux et, comme il s’agit d’un ancien collègue avec lequel j’ai toujours été dans les meilleurs termes, je ne voudrais pas que mon absence put lui laisser croire que mon départ du conseil à altéré mes sentiments à son égard.

Je suis très confus de revenir ainsi sur mon acceptation et je m’en excuse, j’espère que vous voudrez bien agréer le motif qui nous oblige à renoncer à un très vif plaisir. Nous vous remercions bien vivement de votre aimable attention dont nous regrettons non moins vivement de ne pas profiter.

Veuillez agréer, Monsieur le comte, l’assurance de mon profond respectueux dévouement.

F. Roze

Cordiale poignée de main à M. Penaud.


 


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «17 mars 1882», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1882,mis à jour le : 12/11/2020