18 juillet 1850
Cher ami, votre approbation de L'Union de l'Ouest1 me fait un plaisir infini, et quoique fasse ou ne fasse pas L'Union2, je tiens le succès pour excellent puisque vous trouvez ces idées bonnes à émettre aujourd'hui et par conséquent à soutenir plus tard s'il y a lieu. Où est M. de Nicolay? S'il est encore à Paris veuillez lui transmettre mes plus vifs mes plus reconnaissants, mes plus fidèles souvenirs. Je le croyais au moins et je gémissais de m'être trouvé dans une situation de famille telle que je ne pouvais ni me placer sur son chemin à Paris ni l'appeler en Anjou mais si ses grandes entreprises s'ajournent je reviendrai à mes espérances. - il est bien entendu que je parle de M. de Nicolay, Gaston, neveu du duc de Lévis3 et grand voyageur4. Son protégé sera le mien quand je pourrai en avoir. A cette heure je suis aux trousses de M. Baroche5 pour deux conseils de préfecture: m'y mettre pour un troisième serait peine perdue, mais un peu plus tard si M. Nacé n'a pas réussi encore je me mettrai bien volontiers à sa disposition. Je n'ai pas reçu la Revue des deux mondes6 ce qui ne m'empêche pas de vous en remercier peut-être l'avez-vous adressé à Angers. Dans ce cas ne vous en inquiétez pas j'y arriverai demain sinon je vous assommerai de nouveau.
Mes bulletins d'Angers sont toujours admirables. Nous attendons mon frère aux premiers jours d'août. Si vous êtes à la porte de Mme Swetchine7, franchissez-la en mon nom et en songeant à moi.
Alfred
Notes
Ce journal venait alors d'être fondé à Angers, à l’initiative de Falloux. Arthur de Cumont, un de ses proches, en fut le rédacteur en chef pendant plusieurs années.
Journal légitimiste national.
Gaston François de Lévis, duc de Lévis et de Ventadour (1794-1863), homme politique. Fidèle serviteur du comte de Chambord, il faisait office de ministre de la maison du roi.
Gaston de Nicolay (1812-1895) était aéronaute. Il était le neveu et héritier du duc de Lévis.
Pierre-Jules Baroche (1802-1870), avocat et homme politique ; élu député de Rochefort en 1847, il s’opposa à la politique conservatrice de Guizot. Rallié à la Seconde République, il se fait élire à la Constituante et à la Législative où il devient un membre influent du Parti de l’Ordre. Ministre de l'Intérieur (15 mai 1850), puis des Affaires étrangères (10 avril 1851). Ayant applaudi favorablement le coup d'État, il fut chargé d’établir les lois organiques du nouveau régime. Il devint président du Conseil, puis fut ministre de la Justice et des Cultes de 1863 jusqu’au 17 juillet 1869, date de sa démission.
Dirigée par F. Buloz, fondée en 1829, la Revue des deux mondes, de périodicité bimensuelle, se veut favorable au suffrage universel et accueille les plus grandes signatures de l'époque.
Soymonov, Sophie Petrovna, Mme Swetchine (1782-1857), d’origine russe, elle avait effectué plusieurs séjours à Paris avant de s’y fixer définitivement, en 1818, en compagnie de son époux le général Swetchine. Orthodoxe, elle s’était convertie au catholicisme. Falloux devint très vite l’un des intimes de celle que l’on peut considérer comme l’égérie des catholiques libéraux auxquels elle ouvrait son salon. C’est là qu’il rencontra Lacordaire et Montalembert. Falloux dont elle avait fait son légataire pour ses papiers publia la plus grande partie de sa correspondance.
Notice bibliographique
Pour citer ce document
, «18 juillet 1850», correspondance-falloux [En ligne], Seconde République, Années 1848-1851, Année 1850, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 09/04/2013
