1872 |
13 mars 1872
Marie Amélie de Lamoricière à Alfred de Falloux
Paris, 13 mars 1872
Chère Madame,
Au milieu des douleurs présentes de celles publiques et de celles privées, votre pensée me poursuit et mon cœur est souvent près de vous. Je sens le besoin de vous le dire et tout en remettant à le faire depuis longtemps, je rends ce témoignage à ma conscience qu’elle vous reste affectueusement fidèle.
Aujourd’hui que le souvenir d’une tombe à peine fermée est plus qu’un autre présent à nos cœurs et que celle d’un autre ami hélas il ne faut pas s’illusionner va s’ouvrir, Mon Dieu qu’on a donc besoin de pleurer ensemble ! Chère Madame, pardonnez-moi de venir si près de vous sans plus de façon mais je sais dans la peine et en retour de l’affection que vous m’avez témoignée souvent je vous apporte la mienne.
De Paris, je devrais vous donner des nouvelles mais comment les définir alors que tout va mal et que le bien est comme banni de notre pauvre pays !
Je suis une retraite au Sacré-Cœur le reste du temps j’accompagne Isabelle1 qui emploie bien son temps le soir la famille intime et quelques amis devisent devant moi sur les malheurs du temps. Voilà la vie que je mène pensant beaucoup à ma chère Camille2 pour laquelle vous êtes bien bonne et regrettant chaque lundi nous pouvons le dire la bonne heure manquée de Monsieur Lemarchand qu’on ne saurait remplacer à Paris.
Chère Madame voulez-vous nous nommer Madame votre mère, à Monsieur de Falloux à Mademoiselle Loyde et recevoir l’assurance de mon attachement dévoué.
D’A de Lamoricière3
1Sa fille, Isabelle Juchault de La Moricière (1853-1929), qui épousera en premières noces en 1873 d'Aymar, comte de Dampierre.
2?
3Marie-Amélie de Lamoricière, née Gaillard de Ferré d'Auberville, (1827-1905), veuve du général Juchault de Lamoricière.
