CECI n'est pas EXECUTE 28 janvier 1868

Année 1868 |

28 janvier 1868

Victor de Laprade à Alfred de Falloux

Lyon, 28 janvier 1868

Très cher confrère et ami,

Dans mon empressement à aborder la question qui nous occupe j’ai omis de vous dire que ma dernière lettre était une réponse à celle que vous m’aviez si obligeamment écrite. Je viens de suivre de point à point, les conseils que vous me donnez dans celle du 25. J’ai écrit à M. Guizot avec une profondeur de déférence qui devra le toucher, à M. Vitet, à M. Albert de Broglie enfin à M. Mignet1 qui met à cette candidature autant de zèle que nous-mêmes. Je tâcherai de plus de faire répéter par cent à M. de Pongerville2 la bonne parole qu’il m’a donnée de vive voix. Je rappellerai aussi à Octave Feuillet3 ce que j’ai entendu de lui en lui portant moi-même le désistement d’Autran4. C’est toujours M. Guizot qui est le grand ouvrage à emporter car si la voix de M. de Carné5 est attachée à la sienne, celle de M. Cuvillier-Fleury l’est encore plus certainement. Espérons quelque chose de l’action conduite de de Vitet et de M. Albert de Broglie, si j’ai pu les décider.

Je vous tiendrai fidèlement au courant des réponses qui me seront faites ou du silence que l’on gardera.

J’ai trouvé que le Correspondant parlait bien faiblement des divers motifs qui le forcent d’ajourner la publication bimensuelle. Pourquoi ne pas annoncer celle <mot illisible> le refus des catholiques ? Pourquoi ménager des gens qui nous font une guerre à outrance.

Dieu veuille que votre santé vous permette de songer bientôt au voyage de Paris. Qu’il me tarde de vous y voir et de vous renouveler l’assurance de ma si vive et respectueuse affection.

V. de Laprade

1François Auguste Mignet (1796-1884), journaliste et historien. Il collabora avec Thiers au National (1829-1830). Auteur de divers ouvrages d’histoire dont une Histoire de la Révolution française (1824). Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences morales et politiques à partir de 1837. Très proche de Victor Cousin, il fut choisi avec Barthélémy St Hilaire et le notaire Fremyn comme exécuteur testamentaire.

2Pongerville, Sanson, Jean-Baptiste de (1792-1870), membre de l’Académie française depuis 1830, il s’était fait connaître pour ses traductions de poètes latins.

3Feuillet, Octave (1821-1890), écrivain. Auteur de pièces de théâtre, Le pour et le contre (1853), Péril en la demeure (1855), et de plusieurs romans dont Sybille (1862).

4Autran, Joseph (1813-1877), poète français. Plusieurs fois candidat à l’Académie française, il était soutenu par les catholiques, son ami V. de Laprade, Thiers et Mignet mais combattu par Guizot et les libéraux, le Journal des Débats et la Revue des Deux-Mondes. Contraint de se retirer devant Octave Feuillet en 1862, il ne sera élu que le 7 mai 1868, en même temps que Claude Bernard.

5Louis Joseph Marcein Carné, comte de (1804-1876), historien et journaliste légitimiste ; attaché et secrétaire d'ambassade sous la Restauration ; il s’était rallié à la Monarchie de Juillet. Il fut un de ceux qui collaborèrent au Correspondant dés sa fondation.. Député du Finistère (collège de Quimper) de 1839 à 1848, il appartint au Parti social de Lamartine, puis défendit les intérêts catholiques. Sous le Second Empire, il collabora au nouveau Correspondant, au Journal des Débats, à la Revue des Deux Mondes et à la Revue Européenne. Il était entré à l’Académie le 23 avril 1863.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «28 janvier 1868», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1868,mis à jour le : 25/12/2020