CECI n'est pas EXECUTE 21 juillet 1869

Année 1869 |

21 juillet 1869

Victor de Laprade à Alfred de Falloux

Lyon, le 21 juillet 1869

Très cher confrère et ami,

Rien ne me fait désirer particulièrement une prochaine publication de cet article et je serai largement indemnisé du reste que les circonstances nous ont apporté par la bonne fortune d’être en collaboration avec vous et d’avoir mon nom à côté de vous dans le Correspondant. Je vais envoyer mon travail à M. de Gaillard en lui transmettant votre recommandation de vous faire parvenir les épreuves sans devancer avant l’époque où il désirera publier notre dialogue 1; la politique est très absorbante en ce moment. Faut-il croire j’espère, faut-il dire je crains qu’elle ne cessera plus de l’être ! Les lettres honnêtes et sérieuses ne pardonnent rien à une vie politique plus animée si cette animation n’était pas une presse <plusieurs lots illisibles>.

Outre le très grand chagrin de n’avoir pas réussi aux élections d’abord en votre chère personne très respectée, maître et ami, puis en celle de tant d’amis comprenant Gaillard, Camille de Meaux et qui aiment comme moi à suivre votre direction, nous avons la tristesse au moins dans nos grandes villes d’assister à la décomposition morale la plus complète de la classe moyenne. La haine de la religion qui l’emporte a bien susciter de ces grèves coutumières et universelles montrant le côté le plus grave de la situation.,Mais je sais que vous êtes de ceux qui ne désespèrent jamais et je me répète souvent ce conseil que vous nous donniez à jour et que permet toute votre énergie : « quand on ne peut plus se battre il faut se débattre » Nous lutterons donc jusqu’au bout.

Je rêve toujours un voyage dans l’Ouest où tant de choses m’attirent ; avant tout le plaisir d’un pèlerinage au Bourg d’Iré puis celui de voir la Bretagne où j’ai bien des amis, la Vendée, le tombeau de Châteaubriand etc. Mais j’ai si peu de liberté, les vacances que peut se donner le père de famille sont presque toujours prises pas le malade. Dans quelques jours j’irai installer mes deux grands garçons en Auvergne où leur mère est déjà avec mes trois autres enfants, et j’essaierai encore d’une saison à Royat, non que j’en espère beaucoup, mais parce que c’est plus à ma portée.

Je n’ai pas de notre pauvre Montalembert de meilleures nouvelles que celles que vous me donnez. C’est navrant d’assister même de loin à ce martyre. Nous avons reçu là une terrible blessure.

Vous ne me dites rien de votre santé, puisse-t-elle se remettre au niveau de votre courage, c’est le vœu bien ardent de celui à qui vous permettrez de se dire votre ami et que c’est de tout cœur.

V. de Laprade

1Il s’agit de leur dialogue sur la musique, Falloux et Laprade étant en complet désaccord sur la place de la musique dans le monde des arts.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «21 juillet 1869», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1869,mis à jour le : 26/12/2020