CECI n'est pas EXECUTE 28 janvier 1851

Année 1851 |

28 janvier 1851

Alfred de Falloux à Jules de Bertou

Le Bourg d'Iré, 28 janvier 18511

Cher ami,

Je pense absolument comme vous sur vous et sur le comité électoral dont je me réjouis fort de vous voir faire partie, si les difficultés que vous signalez se lèvent d'ici là. M. Fontaine2 arrivera à Paris jeudi soir à 9h00 boulevard de grenelle saint-germain numéro 41. Si vous voulez envoyer à cette heure là votre domestique chez sa mère, il vous remettra aussitôt une longue réponse au sujet de M. de Barthélémy3. Lisez-la en la remettant au duc de Valmy auquel je l'adresse afin qu'ils ne puisse user de vous et de chacun de ses collègues absolument comme cela lui conviendra. C'est dans la même intention que je lui renvoie sous la même enveloppe mes deux lettres écrites de votre main. Je n'ai pas voulu dans ma lettre dire que je n'accepterai pas d'entrer dans la conférence sans  telle ou telle condition, parce que je trouve que c'est me poser en trop important, mais vous verrez que cela résulte de toute ma lettre et je prie en outre le duc de Valmy de le déclarer formellement en mon nom, si la question semblait douteuse. Je n'ai pas écrit au duc de Lévis une syllabe en dehors de celles qui ont passé par votre plume. Veuillez le bien dire au duc de Noailles4 et je ne me tiens du reste pour nullement engagé au-delà de mes paroles ni de ma volonté par la réponse que vous venez de recevoir. Je ne vous ouvre parlerait plus d'appartements jusqu'à ce que vous n'ayez fait remettre les réponses financière de M. de Chabrillant5 et de Made de Galifet. Quant à notre article de la Revue des deux mondes6, il est évident que puisque M. Buloz se charge des journalistes de sa couleur, nous n'avons rien de mieux à faire que de nous en reposer sur lui. Veuillez seulement vous charger d'une épreuve pour St Chéron et pour M. Veuillot7 comme d'un hommage personnel de ma part et pour M. de Levillette8 comme mon souvenir reconnaissant daté du ministère. J'ai demandé un n° pour Nice9 et des épreuves pour Angers. Je vous recommande bien spécialement ces deux soins, le premier surtout. Les épreuves pour Angers devront être adressées à Monsr. Bougler10, tertre St Laurent, Angers. Mille pardons et mille merci toujours.

Alfred

Notes

1Cette lettre se situe dans un contexte particulier, celui de la première tentative de fusion. Suite à la disparition de Louis-Philippe, décédé le 26 août 1850, plusieurs leaders orléanistes (Thiers, Guizot et Molé) auxquels vont rapidement faire écho certains légitimistes tels que Berryer et Falloux notamment préconisent la réconciliation des deux branches par la reconnaissance de la légitimité d'Henri V, le comte de Chambord. Mais l'idée était loin de faire l'unanimité parmi les fidèles du comte de Chambord, la plupart jugeant incompatibles les principes de la révolution et ceux de la monarchie traditionnelle. Tout en soulignant qu'il se réservait « la direction de la politique générale » (circulaire de Wiesbaden du 30 août 1850), le comte de Chambord accepta de transformer le Comité des 5, chargé de faire appliquer ses consignes, en un comité plus large comprenant outre Berryer sept nouveaux membres la plupart « fusionnistes » tels que Falloux, Noailles, Valmy, Benoist d'Azy et Rainneville. Fort de cet appoint, le 16 janvier 1851, Berryer prononça à la tribune un discours en faveur de la fusion. Mais, suite au refus des orléanistes d'abandonner les principes de juillet 1830 auxquels le comte de Chambord refusait de se rallier, le projet de fusion échoua.  
2Secrétaire de Falloux.
3Antoine-François-Xavier Sauvaire, Marquis de Barthélémy (1800-1875), député légitimiste à la Constituante, il fut réélu à la Législative. Secrétaire du comité royaliste de Paris, il fut chargé de rédiger la circulaire de Wiesbaden dans laquelle le comte de Chambord .  
4Paul de Noailles (1802-1885), 6e duc de Noailles, historien. Ami et confident de Chateaubriand, il lui succéda à l'Académie en 1849.
5M. de Chabrillant était le propriétaire d'un appartement parisien que Falloux était alors en train de négocier.
6Voir note supra.
7Louis Veuillot (1813-1883), écrivain et journaliste.
8Sans doute un des collaborateurs de Falloux lorsqu'il était ministre de l'Instruction Publique et des Cultes.
9Son épouse est alors à Nice.
10Édouard Jacques Bougler (1800-1866), magistrat et historien angevin. Substitut à La Flèche et à Angers, puis procureur du roi à Beaupréau. Révoqué en 1830 pour la vigueur de ses opinions légitimistes, il fut rédacteur à la Gazette d’Anjou. Avec la Révolution de 1848, il revint à la magistrature comme conseiller à Angers. Il collabora en même temps à la Revue d’Anjou et à L’Union de l’Ouest. Il rédigea plusieurs ouvrages dont Mouvement provincial en 1789 et Biographie des députés d’Anjou.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «28 janvier 1851», correspondance-falloux [En ligne], Seconde République, Années 1848-1851, Année 1851, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 02/09/2013