1879 |
15 juin 1879
Victor de Laprade à Alfred de Falloux
15 juin 1879
Cher confrère et ami,
Je suis tellement exaspéré du despotisme des républicains à l’académie et ailleurs, que j’ai grande envie de prendre partie <mot illisible> de l’académie et de lui dire très vertement mon opinion sur ce qui vient de se passer. J’adresserai ma lettre au directeur ou au secrétaire perpétuel.
Comme il est très certain que, la vieillesse et la souffrance et les événements ayant fort entériné le mauvais caractère que j’avais déjà sous l’Empire, malade serait très raide, je ne l’écrirai pas sans avoir reçu votre conseil et si je l’écrivais je ne l’enverrais pas sans vous l’avoir soumise. Le bon Dieu ne m’a pas donné comme à vous la force suprême, celle qui réside dans la douceur, dans le calme, la bonne grâce et l’esprit charmant. J’ai toujours eu malheureusement la plume lourde d’un Auvergnat, quoique je sois un Forezien comme notre ami M. de Meaux, pour rien au monde je ne voudrais être inconvenant, peut-être un absent éternel comme moi n’a-t-il pas le droit d’écrire des observations à l’académie puisqu’il ne remplit pas son devoir qui est d’y voter et d’y parler. Cependant cette violation de la liberté et de nos usages est si grossière, qu’il ne faudrait peut-être pas qu’elle passa sans une très vive protestation devenue publique. À quoi cela servirait-il ? à rien probablement qu’à satisfaire une mauvaise humeur. Puis, c’est un peu tard et ma lettre écrite par un vieux malade risquerait d’être à la fois faible et violente. Dans tous les cas je ne ferai absolument rien que d’après votre avis. Il sera je le prévois pour la patience et la douceur. Mais j’ai besoin de votre autorité pour être en paix avec ma conscience qui me pousse à faire la guerre.
Je me propose du reste si j’en ai la force d’attaquer un peu l’académie sur un autre point. Quand les <mot illisible> seront donnés, je voudrais mettre dans le Correspondant un article à propos du <mot illisible> de poésie dans : la poésie de la science. Je n’ai jamais pu comprendre ce que cela voulait dire. Je demande aussi ce que c’est que la science. On disait autrefois les sciences alors je comprends. J’ai bien peur qu’aujourd’hui la science veuille dire simplement tout ce qui est étranger au monde moral, tout ce qui est contraire à la religion.
Je ne voudrais pas vous donner la peine de répondre à cette lettre peut-être insensée. Votre silence voudra dire que je dois rester silencieux à l’égard de l’académie, mais en tout cas une lettre de vous serait, me serait précieuce comme toujours.
Croyez-moi à tous mes sentiments de vive et respectueuse affection.
V. de Laprade
Je vais résider cet été au Perrin par Feurs (Loire)
J’aperçois de là ma petite chapelle au bord de la Loire où sont recueillies les <nom illisible>, grand-père de M. de Meaux, de mon grand-père et de mes autres de mes grands-parents.
Cette mot ill ne me rend pas Républicain