CECI n'est pas EXECUTE 24 juin 1881

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24 juin 1881

Victor de Laprade à Alfred de Falloux

24 juin 1881

Mon très cher ami,

Je suis en proie depuis six mois à de cruelles souffrances et je me tiens à peine debout. J’ai écrit difficilement mais je veux tracer moi-même les quelques lignes qui vous diront avec sympathie, avec quelle douleur, avec quel respect je m’unis de toute mon âme à votre deuil1. C’est le coût le plus terrible dont un cœur humain puisse être frappé. Depuis que je suis père j’ai toujours vécu dans une sorte de terreur et personne ne comprend mieux que moi l’incurable blessure que vous avez reçue.Vous avez pour la supporter la grandeur de votre piété et de votre courage. Je suis bien loin de posséder des forces pareilles aux vôtres. Mais comme je souffre beaucoup, j’espère que quelques grâces me sont accordées et c’est avec ferveur que je prononce votre nom dans mes prières. Ce n’est pas seulement le nom d’un ami, c’est celui d’un maître d’un guide, d’un chef dont j’ai toujours suivi la bannière sans m’en écarter d’un pas. Elle m’a guidé dans le bon chemin et je finis sans l’ombre d’un regret sur la ligne que j’ai suivie. Je suis profondément reconnaissant envers celui qui nous l’a tracé, et j’ai besoin de le lui dire dans cette lettre qui sera peut-être la dernière.

Croyez bien, mon cher ami, à cette reconnaissance, à cette admiration, à ce respect et permettez-moi de vous embrasser de tout cœur.

V. de Laprade

1Falloux venait de perdre sa fille Loyde.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «24 juin 1881», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1881,mis à jour le : 27/12/2020