CECI n'est pas EXECUTE 15 novembre 1865

Année 1865 |

15 novembre 1865

Roger de Larcy à Alfred de Falloux

15 novembre 1865

Mon cher ami,

Vous savez si je suis heureux de me trouver avec vous en sympathie d’idées et en concours d’action. L’œuvre que vous voulez bien recommander m’est d’ailleurs particulièrement précieuse, car personne plus que moi n’était dévoué à ce brave Général dont la perte est vraiment irréparable. Aussi suis-je disposé à vous seconder de tout mon pouvoir, mais sans en dissimuler les difficultés que nous rencontrerons. Je viens pour commencer d’écrire à la Gazette du Midi à Marseille, aujourd’hui le seul journal religieux et indépendant de tout le midi. C’est avec son rédacteur en chef M. Eugène Roux (rue Paradis 68) qu’il faudrait se mettre en rapport, et je ne doute pas de son bon vouloir. Mais pour ouvrir une souscription dans son journal il attendra sans doute qu’elle ait été annoncée par les journaux de Paris ; ce qui, ce me semble, n’a pas encore eu lieu. J’ajoute hélas ! qu’il ne faudra pas compter sur un résultat bien considérable dans le Midi ; du moins j’en ai peur. Malgré un certain réveil d’opinion qui s’est manifesté aux dernières élections municipales, l’ancienne torpeur n’a pas entièrement disparu ; de plus le pays souffre cruellement d’une crise agricole de plus en plus intense et la gêne est partout. Nous l’avons bien vu à l’occasion de monument à élever au poète de Nîmes Jean Reboul1, et pour lequel les offrandes arrivent bien lentement, malgré la grande popularité locale de celui pour qui on les réclame.

Je vous devais ses observations quelques pénibles qu’il me soit à moi-même de vous les transmettre. Soyez persuadé que je n’en ferais pas moins tout ce qui dépendra de moi pour venir en aide à vos généreux efforts.

Walsh2 ne m’avait encore rien écrit du projet de souscription et votre lettre est la première communication que j’ai reçue à ce sujet. Je vous en remercie ; votre nom me rappelle nos anciennes luttes et des souvenirs qui me seront toujours chers ; si ces luttes n’ont pas été sans gloire et sans résultat, c’est à vous que nous le devons. Je ne l’ai jamais oublié, et je vous prie de recevoir avec cette sincère assurance celle de mon cordial et inaltérable dévouement.

De Larcy

La Tour, par St Chaptes (Gard)

 

P.S. Je suis désolé que vous ne soyez pas plus content de votre santé : c’est une grâce que Dieu nous devrait à tous.

1Reboul, Jean (1796-1864), poète et homme politique. Catholique et légitimiste, il avait été élu à l’Assemblée nationale constituante du 1848.

2Walsh, Édouard (1805-1884). Il était le fils du vicomte Joseph Walsh, auteur des Lettres vendéennes (1825). Ultra royaliste, il avait fondé La Gazette de Normandie et dirigé de 1835 à 1848 La Mode, hebdomadaire légitimiste.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «15 novembre 1865», correspondance-falloux [En ligne], Année 1865, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Année 1852-1870, Second Empire,mis à jour le : 31/12/2020