CECI n'est pas EXECUTE 25 décembre 1856

Année 1856 |

25 décembre 1856

Charles Brifaut à Alfred de Falloux

Paris 25 décembre 1856

Qu’est-ce que j’apprends, Madame ? Est-il vrai que les yeux de M. de Falloux lui refusent presque totalement du service. Cette nouvelle m’a bouleversé, quoi que je ne veuille pas y croire. Je viens à vous pour avoir des nouvelles certaines de sa Bretagne, de cette Bretagne qui renferme des objets si chers à mon cœur ; et je sens que je n’aurais point de repos tant que vous ne m’aurez point rassuré, madame. Si les yeux de votre excellent mari ne lui permettent pas d’écrire sans fatigue, qu’il s’abstienne de les employer ; qu’il dicte ce qu’il veut écrire, ou qu’il attende leur parfaite guérison. Rien ne presse du côté de l’Académie1, qui ne tient pas à faire de réceptions en hiver. Je crois qu’elle a renvoyé notre séance aux calendes grecques, caresses occupent de tout excepté du sujet qui m’intéresse le plus. Vous avez appris par les journaux, Madame, la nouvelle perte que nous avons faite dans la personne du bon Salvandy2, que tous les partis regrettent avec tant de raison, car il ne fut hostile pour personne ; et que le service l’a rendu dans sa vie ! Comme il était heureux d’obliger ! Avec quelle grâce il disait oui ! Je suis, en mon particulier, un de ceux auxquels il accordait si spontanément des faveurs, non pas pour moi, mais pour autrui : aussi ma douleur est double de celle des autres. Je suis persuadé que votre mari partage mes regrets. La sympathie qui existe entre les bonnes âmes m’en est un garant. Adieu, Madame. Je n’ai pas besoin de vous redire avec quelle ardeur je suis et serai toujours le plus déterminé de vos serviteurs.

Brifaut

Vous m’avez adressé un bien aimable homme dont l’esprit les manières m’ont charmé. Il faut que je vous aie toujours des obligations.

1Suite à son élection à l’Académie le 10 avril 1856 au siège du comte Mathieu Molé, Falloux préparait son discours de réception. Ce n’est que le 26 mars 1857 qu’il sera reçu par Brifaut.

2Il venait de mourir, le 15 décembre 1856.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «25 décembre 1856», correspondance-falloux [En ligne], Année 1852-1870, Second Empire, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1856,mis à jour le : 13/01/2021