CECI n'est pas EXECUTE 8 octobre 1871

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8 octobre 1871

Pauline de Castellane à Alfred de Falloux

Dimanche 8 octobre 1871

Voici, cher Monsieur, une lettre que le pauvre Bertou me prie de vous envoyer, avec ses tendresses. Ne pouvant écrire lui-même un peu hier en se levant il a été pris d’une douleur si aiguë de son lumbago qu’il a dû attendre que Baptiste entre en sa chambre pour l’aider à regagner son lit où il est immobilisé depuis ne souffrant qu’en remuant mais alors souffrant terriblement. Depuis hier soir cependant il a recouvré l’usage des bras. Il peut porter lui-même la nourriture, à sa bouche. Espérons que, bientôt la faculté de remuer le reste de son pauvre individu reviendra aussi. Du reste, il était si nerveux, si agacé depuis son retour ici, que probablement cette crise rhumatismale <mot illisible>.

Ma fille et Madame de Baguenal en avaient comme moi été frappées. Nous étions portés à l’attribuer au regret d’avoir quitté Caradeuc et à la difficulté de dissimuler le sacrifice qu’il avait fait de son affection pour Marie en se dérangeant pour venir la voir. Heureusement que, aujourd’hui, il peut lire.

Juigné1 est ému du chagrin de Mme de Brhumont qui vient de perdre son père le baron de Verneau ; et content de l’heureuse délivrance de la comtesse Maurice de Caraman (née Perone) récemment accouchée pour la première fois (d’une fille). Antoine est sûr de son élection. Madeleine2 écrit qu’ils gèlent là-bas. Ils reviennent ici vendredi prochain ; mais lui, pour 6 jours tout au plus. Mes petit-fils vont de charme et soignent d’une façon toute spontanée et par conséquent toute aimable leur vieil ami Bittout.

Les vendanges en absorbant beaucoup de campagnards même le dimanche seront hélas favorables à l’abstention de beaucoup ! Si il y a des élections bonapartistes et les rouges je crois qu’il y en aura surtout de Thieristes, par amour du statu quo. Tout en est la en France. Ah ! Pauvre France, on ne la plaindra jamais trop tant elle est à plaindre ! Malheureusement elle est au moins autant à blâmer !

Ne pouvant prévoir, le moment où les sessions Des conseils généraux du Cantal et de la Sarthe laisseront à Antoine et à son beau-père3, la possibilité d’être ici il m’est difficile de proposer un rendez-vous avec eux, à l’évêque4. En lui écrivant, sans lui proposer Rochecotte, directement, ne pourriez-vous pas lui parler de votre projet de séjour ici en novembre.

Chers amis, je vous embrasse tous quatre à grand bras et à plein cœur.

P. de Castellane

 

 

1Château de Juigné, à Juigné-sur-Sarthe (Sarthe). C'est la propriété des Leclerc de Juigné auxquels les Castellane sont alliés par le mariage de leur fille Madeleine (1847-1934) avec Antoine de Castellane.

2Madeleine de Castellane (1847-1934), née Leclerc de Juigné ; elle était, depuis le 3 avril 1866, l'épouse d'Antoine de Castellane.

3Charles Léon Ernest Leclerc, marquis de Juigné (1825-1886), homme politique. Propriétaire du château de Juigné-sur-Sarthe (Sarthe), il était membre de l'Assemblée nationale du 8 février 1871 où il siégeait avec les légitimistes; il était inscrit à la réunion Colbert et à celle des Réservoirs. Le comte et le marquis sont cousins. Plus modéré que son cousin, le marquis est un proche de Falloux.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «8 octobre 1871», correspondance-falloux [En ligne], 1871, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 16/01/2021