CECI n'est pas EXECUTE 2 avril 1882

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2 avril 1882

Albert de Broglie à Alfred de Falloux

Paris, 2 avril 1882

Cher ami, votre lettre qui me fait tant de plaisir parce qu’elle me montre que vous êtes assez bien pour penser à nous, me désole pourtant. J’ai beau chercher dans mes souvenirs, il m’est impossible de me rappeler la commission dont vous m’aviez chargé l’an dernier pour M. Boissier1. Que j’ai oublié, l’an dernier, de le faire, c’est déjà assez singulier, puisque je n’oublie guère ce qui vient de vous. Mais que prévenu par vous de mon étourderie je ne puisse en trouver la trace dans ma mémoire, c’est ce qui me paraît invraisemblable. Or, je ne retrouve rien, mais rien dans ma pensée. Que demandiez-vous à Boissier ?Était-il déjà chargé de rendre compte de vos deux volumes2, et ma commission était-elle de le lui rappeler ? Ou bien fallait-il savoir si cette tâche lui conviendrait ? Enfin était-ce une proposition à faire à la revue3 d’une communication anticipée ? Je reste dans un doute tellement complet à cet égard que je ne vois qu’une manière d’expliquer le malentendu c’est que la commission eut été nichée dans quelque coin de votre lettre d’une écriture imperceptible comme cela arrive souvent dans votre correspondance. Vous évitez et on évite pour vous les doubles feuilles de papier et chacune de vos lettres est criblée de renvois dans tous les sens, qui peuvent échapper à une lecture rapide.

Quoiqu’il en soit que ma faute soit complète ou qu’elle ait une excuse, elle est mienne et ne doit avoir par conséquente aucune conséquence pour nos résolutions relatives à la revue. Elle sera certainement très heureuse de recevoir un fragment de vos mémoires. Rien de ce côté n’est compromis puisque rien n’a été essayé.

Je ne vous dis pas le plaisir et l’intérêt que j’aurais à vous lire, hélas ! Quel profit ou pourrait tirer de cette lecture ? Mais de quoi tire-t-on profit ?

En hâte car je veux que ceci parte aujourd’hui et que vous ne restiez pas plus longtemps dans une fausse impression. Mille amitiés que vous connaissez.

Albert

1Boissier, Gaston (1823-1908), historien et philologue. Professeur au Collège de France dés 1869, il sera administrateur de 1892 à 1894. Il est entré à l’Académie française en 1876. Il est par ailleurs collaborateur de la Revue des Deux Mondes.

2Sans doute Discours et mélanges politiques, Paris, Plon, 2 vols, que Falloux venait de publier.

3La revue des Deux Mondes, voir note supra.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «2 avril 1882», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1882,mis à jour le : 01/02/2021