CECI n'est pas EXECUTE 24 septembre 1881

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24 septembre 1881

Alexandre Apponyi à Alfred de Falloux

Lengyel1, ce 24 sept. [1881]

Mon cher comte,

J’ai reçu il y a quelques jours la petite caisse contenant le précieux souvenir que vous avez eu la bonté de m’envoyer. Permettez-moi de vous remercier encore une fois et de vous dire tout le plaisir que vous m’avez fait. Ma bonne grand-mère2 vous aurait su gré de vos bons sentiments pour moi, que je retrouve toujours, et que vous m’exprimez toujours de manière si affectueuse. C’est un précieux autographe que votre dernière lettre. Je me rappelle que vous m’avez écrit un petit mot à Nantes et que votre secrétaire m’a dit de la garder bien précieusement. Je suis bien aise, après 18 ans, d’avoir un second échantillon de votre écriture et de constater qu’elle est meilleure qu’en 1864. nous avons été très nombreux cet été – ma sœur3, son mari4 et ses enfants sont encore ici – hélas à la fin de leur séjour. Cela a été une joie de tous les instants de les voir ici, grâce à Dieu, tous les enfants se sont bien portés et j’espère que ce séjour leur aura fait du bien à tous. Je ne vous dis pas combien ma mère5 a joui de la présence de toute cette chère petite famille. Nous avons eu de plus ma tante Marie Wenckheim6, qui m’a bien souvent parlé de vous et qui a revu avec émotion le vase de Sèvres qu’elle connaissait depuis si longtemps. Elle a bonne mine cette année ce qui est presque surprenant après l’hiver qu’elle a passé dans un un pays inondé comme les environs de Szeged7 au milieu de véritables angoisses. Heureusement mon oncle8 s’est convaincu que ce séjour est impossible en hiver et ils retourneront sous peu à Presbourg9. Enfin Louis10, sa femme11 et ses quatre enfants, Toni et sa femme – une petite fille de Marie-Louise !! Vous voyez que nous étions assez nombreux. Malheureusement l’été touche à sa fin. Nous avons eu 2° seulement ce matin, et peu à peu tout ce cher monde nous quitte. Ma mère retourne à Rome vers la fin d’octobre. Quant à nous, je pense que nous resterons tranquillement à la campagne tout l’hiver. Ma chère femme12 à la bonté de ne pas s’ennuyer de préférer cette vie tranquille à tout autre. Ce n’est pas une vie <mot illisible> pourtant et nous avons la conscience d’employer notre temps plus utilement qu’au milieu du brouhaha de notre jeune capitale. Cependant nous sommes heureux que l’automne prochain, grâce à un nouveau chemin de fer nous pourront être un Pech13 en 6 heures. Il nous en faut 18 maintenant et vous comprenez qu’en hiver un voyage pareil n’a rien de bien attrayant.

Au revoir, mon cher comte, ma mère me charge de mes tendres amitiés pour nous et espère toujours vous voir à Rome. Ma femme me prie de vous dire combien elle voudrait vous connaître. Quant à nous je ne puis que vous remercier d’être resté si bon pour moi et vous prier de ne jamais oublier tout à fait votre bien dévoué.

Alexandre

1Le château de Lengyel dans le comté de Tolna, en Hongrie, est la propriété de la famille Apponyi.

2Thérèse Apponyi, née Nogorola (1790-1874), épouse de Rodolphe Apponyi.

3Hélène Apponyi, princesse de Borghese (1848-1914).

4Paul Borghese-Aldomarini (1846-?).

5Anne Apponyi, née van Benckendorff (1818-1900).

6Marie Wenckheim née Apponyi (1821-1883), sœur de Rodolphe II Apponyi.

7Ville du sud de la Hongrie.

8Viktor von Wenckheim (1815-1900).

9Ville d'Autriche, aujourd'hui Bratislava capitale de Slovaquie.

10Louis Apponyi (1849-1909), son cousin, le fils de Jules Apponyi.

11Marguerite Apponyi, née de Seherr-Thoss (1848-1931).

12Alexandra Apponyi née Esterhàzy de Galàntha (1856-1930).

13Petite ville du sud de la Hongrie.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «24 septembre 1881», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1881,mis à jour le : 12/02/2021