CECI n'est pas EXECUTE Mars 1873

1873 |

Mars 1873

Charles Beulé à Alfred de Falloux

[Mars ou avril 1873]

Monsieur le comte,

Vous êtes mille fois aimable de me dédommager par votre lettre du regret que j’ai éprouvé samedi. Je sais trop quelle dure condition vous fait votre santé pour n’avoir pas deviné la cause de votre absence prolongée. J’avais grand besoin, cependant, de causer avec vous, de consulter votre expérience des hommes et des choses, de savoir quelles sont vos <mot illisible> au mal croissant. Faut-il que l’assemblée ce décerne, par une très hardie révolution, deux ans ou trois ans de durée normale comme toutes les assemblées ?

Dans ce cas elle déclarerait qu’elle ne se séparera pas avant le 8 février 1876. D’ici là, la force lui appartient et le bon sens peut renaître dans les esprits.

Dans ce cas, plus d’élections partielles, excepté dans les départements qui ont perdu un tiers de leur députation (assimilation aux conseils municipaux). Faut-il adapter la loi électorale ou la faire avec maturité, une fois deux ans gagnés ? En 1874, on commencerait par la loi communale, la révision des listes et des élections municipales ? Faut-il interpeller le gouvernement ? On vous répondra ou l’on vous préviendra par un message et nous recommencerons pendant trois mois les négociations des 30.

Faut-il remplacer simplement dans le ministère Jules Simon par Vitet et Rémusat par Goulard1? Ce serait le maximum des concessions que l’on vous ferait.

Quant à aller plus loin, personne n’est prêt, aucun ministère ne pourrait se constituer avec une majorité dans la chambre. Le temps seul peut reconstituer cette majorité compromise à plaisir par le gouvernement.

Soyez assez bon pour me donner votre avis formel sur ses trois points essentiels : la durée de l’assemblée, la date de la loi électorale, la portée d’une interpellation et croyez à mes sentiments bien dévoués.

Ch. Beulé

1Goulard, Marie Thomas Eugène de (1808-1874), homme politique. Député conservateur sous la Monarchie de Juillet, il siegea au centre droit à l’Assemblée nationale de 1871. Ayant soutenu le gouvernement Thiers, il sera nommé ministre de l’Intérieur en 1872 menant une politique très répressive à l’encontre des républicains. S’étant éloigné de Thiers, il ne sera pas reconduit dans le troisième gouvernement Dufaure, qui n'est en fonction que du 18 au 24 mai 1873 et qui précède la chute de Thiers.


 


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «Mars 1873», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1873,mis à jour le : 03/03/2021