CECI n'est pas EXECUTE Automne 1880

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Automne 1880

Alfred de Falloux à Jacques Bellot des Minières

Automne 1880

A Mgr Belot des minières, évêque de Poitiers.

Monseigneur,

Je ne puis recevoir silencieusement l’honneur que vous m’avez fait en l’accompagnant de votre carte l’envoi de votre lettre pastorale. J’avais applaudi deux lois à ce courageux langage par l’entremise de mon cousin, le comte de bois je suis profondément touché que vous m’ayez permis de vous remercier directement d’un homme est bien utile exemple. Les catholiques n’ont plus le temps à perdre pour réparer d’immenses fautes et conjurer d’immenses ruines. Votre initiative marquera la date de ce moment réparateur.

J’y attache, pour mon compte, un très grand prix que je vous demande la permission, Monseigneur, de compléter mon hommage par une entière sincérité.

Votre charité a peut-être un peu excédé envers les personnes. Les mots gratitude infinie ont été l’objet de quelques observations qui toutes n’étaient pas malveillantes. J’ajouterai de plus quelques réserves d’un côté tout différent.

Dans l’accomplissement d’un premier devoir que vous avez peut-être considéré comme une simple formalité, n’avez-vous pas tracé d’imagination le tableau d’un si parfait accord entre le cardinal Donnet1 et le cardinal Pie . Le vénérable archevêque me disait à moi-même, il y a quelques années : « on ne se figurera jamais ce que m’a causé de tribulations et ce que m’a suscité de difficultés mon suffragant de Poitiers ! » ce qui me paraîtrait plus grave, Monseigneur, si nous devions le prendre au pied de la lettre, c’est la étude de sympathie témoignée a lancé un auxiliaire de votre vénérable prédécesseur. J’ai connu dans Mgr Gay2 un charmant pianiste ; rien ne faisait pressentir en lui une nature violente. A-t-il subi depuis une influence ? Je me félicite alors qu’il passe aujourd’hui sous la porte. Est-ce lui qui en exerçait une ? Je suis sûr en ce cas, que vous saurez vous y soustraire et que vous ne lui laisserez pas troubler ou gâter les prémices de votre épiscopat. L’oraison funèbre prononcée le 7 juillet 1880 m’a confondu par la légèreté ou le cynisme de ces calomnies. J’ai rarement vu la chaire de vérité plus hardiment profané et je ne doute pas qu’une réplique péremptoire ne se fasse bientôt entendre.

Veuillez me pardonner à votre tour, Monseigneur, une témérité dans laquelle vous reconnaîtrez, je l’espère, un zèle sincère pour la cause que vous venez de prendre si gravement en main, en même temps que les sentiments tout particuliers de vénération et de dévouement pour votre grandeur.

Falloux

1Mgr Donnet, Ferdinand François Auguste (1795-1882), ordonné prêtre en 1819, il avait été sacré le 30 mai 1835 en qualité d’évêque de Rosa in partibus comme coadjuteur de l’évêque de Nancy et de Toul en 1835. Promu archevêque de Bordeaux le 30 novembre 1837, il sera nommé cardinal au titre de Santa Maria in Via au consistoire de 15 mars 1852.

2Charles-Louis Gay (1815-1892), ordonné prêtre en 1845, avait été appelé en 1851 par Mgr Pie dont il partageait les idées pour le seconder dans l'administration de son diocèse. Il sera nommé évêque auxiliaire de Poitiers en 1877, puis évêque titulaire d'Anthédon.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «Automne 1880», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1880,mis à jour le : 03/03/2021