CECI n'est pas EXECUTE 24 avril 1856

Année 1856 |

24 avril 1856

Alfred de Falloux à Charles de Montalembert

24 avril 1856

 

Cher ami,

Vous m’écriviez, au commencement de la semaine, de me soigner avant tout et vous ne me faisiez entrevoir aucun intérêt urgent dans nos réunions prochaines. Je vous ai pris au mot, non pour me soigner, mais pour travailler vraiment au-delà de mes forces. Je calcule pouvoir terminer mon travail samedi soir, à grand-peine, et vous le remettre ou dimanche soir ou lundi matin en état de recevoir votre consultation. Je suis désolé du contretemps d’hier, mais, pour samedi prochain, je prends mes précautions. Si vous croyez avoir un réel besoin de moi faites le moi dire samedi matin, avant 10 heures. Votre lettre me sera apportée à Belle-Vue à midi. Mais, si vous n’avez pas un besoin urgent de notre réunion au complet, laissez-moi tout à mon travail. Car une fois rentré à Paris, je serai tiraillé par tout ce que j’ai ajourné, depuis un mois ; et mon départ pour l’Anjou ne me permettra plus de reculer encore. Je ne veux pas non plus renoncer à la course d’Augerville1 avec vous, dont je me fais une si bonne fête.

Ce n’est pas par oubli que je n’avais mentionné dans le premier article ni Cazalès2, ni M. Lenormant3. Je m’imaginais qu’ils aiment mieux qu’on ne parla plus de leur opposition. J’avais vu depuis dans la première réponse de Cochin et dans l’article du prince de Broglie, l’éloge de la loi, sans entendre parler de récriminations. Je suis donc désolé de mon imprévoyance et de l’ennui qu’elle vous a causée. Merci de l’avoir réparée s’il en était encore temps.

J’ai été hier au soir à Paris, de sept à neuf heures, pour m’assurer de l’état de ma femme assez sérieusement souffrante ; j’ai trouvé un mot de M. de Champagny4 me demandant un rendez-vous. J’y ai couru, en regagnant le chemin de fer, et n’ai pu l’entendre que très sommairement. Je tiens, en tout cas, à vous avertir qu’il connaît l’existence et l’envoi de notre lettre, en langue italienne. Sur ces questions directes, j’ai marmonné comme lui, entre mes dents, et il a cru comprendre que nous n’avons encore rien reçu. Mais il reviendra à la charge. Sauzet de son côté me fait demander une copie, sachant que son nom y est prononcé avec éloge. Réfléchissez donc aux inconvénients que prendra le secret, du moment où il ne sera plus absolu, et voyez, dans votre sagesse s’il ne vaudra pas mieux encore prendre les devants vis-à-vis des membres de notre conseil que nous n’avons pas informé.

Au revoir bien prochain en tout cas.

A. de Falloux

1Augerville la Rivière par Malesherbes (Loiret), propriété de P.A. Berryer.

2Louis Marie Edmond de Cazalès (1804-1876), homme politique. Il fut élu à l’Assemblée constituante de 1848 et réélu à l’Assemblée législative de 1849.

3Lenormant Charles (1802-1859), archéologue, il dirigea le Correspondant de 1845 à 1855. Son épouse Amélie née Amélie Cyvoct (1804-1893), petite nièce et fille adoptive de Mme Récamier. Elle collabora au Correspondant sous le pseudonyme de Léon Arbeau. Leur fils François Lenormant (1837-1883) fut également un collaborateur régulier du périodique des catholiques libéraux.

4Champagny, François-Joseph-Marie-Thérèse Nompère, dit Franz, comte de (1804-1882), écrivain ultra-catholique. Il fut le collaborateur de l’ancien comme du nouveau Correspondant, de L’Ami de la Religion et de la Revue contemporaine. Il avait été élu à l’Académie française le 29 avril 1869, en remplacement de Berryer.e


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «24 avril 1856», correspondance-falloux [En ligne], Année 1852-1870, Second Empire, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1856,mis à jour le : 22/03/2021