CECI n'est pas EXECUTE 30 septembre 1860

Année 1860 |

30 septembre 1860

Hilaire de Lacombe à Alfred de Falloux

30 septembre 1860

Cher Monsieur,

C'est encore moi qui vous écris. Ne seriez-vous pas d'avis qu'il serait bon de faire quelques manifestations pour honorer Lamoricière et ses compagnons de gloire ! Peut-être conviendrait-il d'ouvrir une souscription pour offrir à Lamoricière une épée d'honneur qu'on pourrait faire sur le modèle des épées du Moyen Âge, de l’épée par exemple qu'avait Saint-Louis à Damiette1. Il faudrait pousser vigoureusement cette souscription, et des généraux d'un grand courage moral, comme McMahon et Trochu pourraient y figurer. L'armée, je le crois et l’espère, n'y demeurerait pas étrangère. MM. Thiers, Guizot etc. l’appuieraient vraisemblablement.

Autre idée. Ne pourrait-on pas aussi ouvrir des souscriptions pour élever un monument qui consacrerait le souvenir des martyrs ? Ce monument où les noms des vivants seraient inscrits avec les noms des morts, trouverait peut-être bien sa place à Sainte-Anne-d'Auray ; il reposerait au cœur de la Bretagne dont le sang a jailli à flots sur la terre des confesseurs ; il reposerait sous la garde de la foi bretonne. Ce serait notre livre de Lucerne. Quand l'inauguration aurait lieu, M. d’Orléans devrait prononcer l'oraison funèbre au milieu des députations venues de tous les points de la France, et les évêques assemblés en foule béniraient le monument élevé en ce lieu où a paru l'homme du mensonge.

Autre idée. N'y aurait-il pas un moyen d'insinuer à M. de Laprade2 que jamais sa muse si lyrique et si austère, n'aurait trouvé un sujet plus magnifique que Lamoricière et ses compagnons ? La pièce de vers, si elle était belle serait répandue par tous, dans les collèges surtout, où elle graverait dans l'imagination des jeunes générations un héroïque souvenir.

Répondez-moi sur ce point, si quelque chose vous paraissait praticable et comptez sur moi.

Mercier de Lacombe

 

1En 1249, Louis IX dit Saint-Louis s’était emparé de la ville de Damiette, en Egypte, lors de la 7ème croisade.

2Laprade, Victor Richard de (1812-1883), poète et littérateur.  Il fut nommé professeur de littérature à la faculté des lettres de Lyon en 1848. De sentiment légitimiste et catholique libéral, il collabora au Correspondant et fut élu à l’Académie française le 11 février 1858. En 1861, suite à la publication, par le Correspondant, de ses Muses d’État, Laprade fut révoqué en tant que fonctionnaire et la revue reçut un avertissement.


 


 


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «30 septembre 1860», correspondance-falloux [En ligne], Année 1852-1870, Second Empire, Année 1860, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES,mis à jour le : 25/11/2021