Année 1866 |
24 avril 1866
Alfred de Falloux à Charles de Montalembert
Bourg d’Iré, 24 avril 1866
Cher ami,
Je suis désolé de voir l'écriture de Mademoiselle Madeleine et je dois lui avouer que ce n'est presque pas à cause d'elle mais pour la répugnance que je vous connais contre les dictées et par la crainte que vous ne soyez souffrant d'autre chose que des rhumatismes. Je ne vous demande cependant pas de vos nouvelles, parce que mes vrais amis me les donneront, mais je tiens à ce que vous sachiez que je vous fais surveiller très rigoureusement. Je veux vous dire aussi que j'ai aussitôt transmis à M. de Cumont et dans les termes les plus pressants l'invitation d'Orléans.
M. de Meaux m'a écrit très aimablement d’Ecotay1 ses impressions sur le débat Galitzin-Lavedan. Je suis tout à fait découragé du métier de prêcheur inutile ; je ne le cache pas à Augustin qui m'avait promis de ne soulever d'abord aucun débat et de laisser juger par ses fruits le nouveau régime quel qu'il fut. Je ne le cacherai pas davantage Lavedan s'il me donnait l'occasion de m'en exprimer, car de son côté il m'avait promis de la délicatesse de la bienveillance dans les procédés2. Il n'y a plus que les gens sur les lieux et la main à la besogne qui puisse quelque chose, si quelque chose se peut. Croyez bien que je ne dis pas cela pour m’épargner mais par sincère conviction.
J'ai trouvé tout mon monde ici en passable état. Chacun vous envoie d'ici le plus fidèle souvenir et des vœux qui ne se lassent point, quoiqu’ils connaissent leur peu de chance d’être exaucés.
A vous de tout cœur.
Falloux
1Ecotay-l'Olme, dans le département de la Loire, commune de résidence de Camille de Meaux.
2L’arrivée du prince A. Galitzin au sein du Correspondant s’était traduit par un conflit ouvert entre celui-ci et Lavedan. Falloux comme Montalembert s’empressèrent de l’atténuer. Mais cette mésentente se solda par le départ de d’A. Galitzin après la nouvelle réorganisation du Correspondant qui intervint en mars 1868 lorsque la revue dont la direction fut confiée à Léopold de Gaillard commença à publier deux numéros par mois, le 10 et le 25.
