CECI n'est pas EXECUTE 17 janvier 1867

Année 1867 |

17 janvier 1867

Alfred de Falloux à Charles de Montalembert

17 janvier 1867

Une lettre de vous, cher ami, me fait tant de plaisir que j'ai bien de la peine à concevoir des remords. Cependant je vous écris sur un tout petit papier pour être sûr de ne pas dépasser les limites d'un billet, et je vous prie bien de ne pas répliquer. Si vous avez quelque chose à me faire dire, accordez une audience à Madame de Castellane qui le désire ardemment. Il n'y a pas de meilleur messager dans toutes les acceptions.

Je vous envoie le dessin du plan de M. Dubois1 tel qu'il m’a été envoyé à moi-même. Croyez bien que je n'ai pas oublié un seul jour une seule de vos souffrances, mais cela même ne suffisait pas pour me laisser croire que vous n'eussiez pas été consulté. Maintenant que le mal est fait, la question est de savoir si on ne peut le défaire. Il serait cependant bien cruel que nous laissassions sans résistance personnifier nos noms et nos sentiments dans une œuvre durable qui n'en refléterait absolument rien. Ne pourriez-vous pas faire venir Corcelles et M. Daru2 auprès de votre fauteuil ? Cochin n'a-t-il pas transmis à son beau-père un écho de votre impression ?

Quant à l'académie, le plan que vous me proposez me parait excellent, et j'espère que pour cette fois on ne nous trouvera pas excessif.

Voilà mon papier qui me tire par le coup : merci mille fois cher ami et mille tendresses.

Alfred

1Dubois, Paul (1829-1905), sculpteur et peintre français. S'inspirant du tombeau des Médicis, il réalisa le cénotaphe du général Lamoricière érigé en la cathédrale de Nantes. Ce fut son œuvre majeure.

2Daru, Napoléon, comte (1807-1890), fils de l’un des dignitaires de Napoléon Ier, polytechnicien et officier d’artillerie. Entré à la Chambre des Pairs en 1832 où il prit part activement aux débats (en particulier dans la question des chemins de fer) ; député de la Manche en 1848 et 1849 ; adversaire intransigeant de Louis-Napoléon, il fut arrêté en 1851 et se retira de la vie publique jusqu’en 1869, date de sa réélection comme député de l’opposition libérale (département de la Manche). Devenu l’un des chefs du centre gauche, il représenta cette tendance dans le ministère Ollivier du 2 janvier 1870. Après l’inauguration de l’Empire libéral, il fut nommé ministre des Affaires Étrangères le 2 janvier 1870, mais démissionne le 11 avril 1870. Élu à l’Assemblée nationale puis au Sénat ; devenu monarchiste il fut un ferme partisan de l’Ordre moral. Non réélu en 1879, il se retira de la vie politique.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «17 janvier 1867», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1867,mis à jour le : 15/04/2021