CECI n'est pas EXECUTE 10 septembre 1867

Année 1867 |

10 septembre 1867

Alfred de Falloux à Charles de Montalembert

Paris, 10 septembre 1867

Très cher ami,

Je vous renvoie ci-incluse la lettre de Monsieur Le Play1 avec mes nouveaux remerciements. Je suis encore bien fatigué ce matin ; mais j'ai eu une nuit presque bonne, et je vais tout à l'heure aller chercher Lavedan pour bien régler les affaires du père Hyacinthe. Je me dis comme le vieux marquis d'Aligre après la mort de sa femme : « Est-ce que l'émotion me serait bonne ? » Ce qui est certain, c'est que pour des émotions j'en ai eu beaucoup, de très inattendues, de très douces, et que je n'en suis pas mort. Ce qui ajoute à mon envie de guérir, cher ami, c'est que vous êtes mieux, et qu'avec la patience que vous puisez non dans votre nature, mais dans votre courage, vous triompherez du mal, vous reprendrez votre drapeau et vous retrouverez vos soldats.

Veuillez renouveler tous mes remerciements à Madame de Montalembert2 et en faire agréer une vive part à Mgr de Mérode3 qui a été aussi bien hospitalier pour moi. Ma femme m’a envoyé un message au dernier moment à Bruxelles pour me demander encore 24 heures de Belgique. Je l'ai devancé ici parce que j'y avais donné rendez-vous à mon frère, mais je l'attends ce soir, et nous partirons immédiatement pour Rochecotte.

Je n'ai encore vu ici que mon lit et ne puis par conséquent vous donner aucune nouvelle. J'ai acheté en route un numéro de l'Indépendance belge4 qui me traite avec une grande faveur aux dépens des autres.

Au revoir, au revoir avec le renouvellement de vos forces, car le reste ne vous a jamais fait défaut.

Alfred

1Le Play, Frédéric Pierre Guillaume (1806-1882), ingénieur des mines et homme politique. Sociologue emprunt d’un conservatisme certain, il se montra favorable à l’Empire et fut appelé à siéger au Sénat en 1867. Précurseur du corporatisme moderne, il se vit décerné le prix Montyon de l’Académie française pour ses travaux scientifiques.

2Marie-Anne Henriette dite Anna de Montalembert, née de Mérode (1818-1904), épouse de Charles de Montalembert avec qui elle s'était mariée en 1836.

3Mérode, Frédéric François Xavier de (1820-1874), frère de Mme de Montalembert, officier dans l'armée belge, il entra ensuite dans les ordres, puis devint camérier secret de Pie IX. Devenu par la suite son pro-ministre des Armées, il mit sur pied l'armée pontificale (1860). Il était peu favorable aux catholiques libéraux mais conserva des rapports d’affection avec Montalembert. On lui attribuait une grande influence sur les relations du pape avec le gouvernement français. En octobre 1865, il fit agréer au pape sa démission. En juin 1866, il sera nommé archevêque in partibus de Mitylène.

4Quotidien de Bruxelles, organe des libéraux anticléricaux. Sans doute ce journal avait-il fait un commentaire bienveillant au discours prononcé le 3 septembre 1867 par Falloux sur la situation en Italie au Congrès des catholiques à Malines, en Belgique, non loin de Louvain.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «10 septembre 1867», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1867,mis à jour le : 15/04/2021