Année 1868 |
13 mai 1868
Alfred de Falloux à Charles de Montalembert
Paris, 13 mai 1868
Très cher ami,
Les cinq jours que je viens de passer dans mon lit ont mangé tout mon pauvre velours, je me trouve maintenant en face d'un arriéré qu'il faut absolument déblayer avant de partir. J'y ai consacré tout hier, et j'y consacrerai forcement tout aujourd'hui. Demain mon départ est annoncé pour tout le monde, mais je ne partirais que vendredi afin de vous revoir une fois pour ma consolation. Je serai donc entièrement à vos ordres à toute heure qui vous conviendra, soit avant soit après l'académie où je n'irai pas puisque mes adieux sont faits.
Je vous en prie bien particulièrement recommandez moi au précieux souvenir de Conflans1 où j'aurais été doublement heureux de vous accompagner. Je ne vous parle d'aucun regret, car toute ma vie serait un regret si elle n’était une sincère résignation. Merci, très cher ami, de garder une si fidèle amitié à un revenant qui n’a même pas le mérite de revenir souvent ni agréablement.
Falloux
1C’est au noviciat du Sacré-cœur de Conflans, que sa fille Catherine de Montalembert avait pris le voile, le 26 octobre 1863.