CECI n'est pas EXECUTE 29 janvier 1874

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29 janvier 1874

Léon Cornudet à Alfred de Falloux

Paris, 29 janvier 1874

Monsieur le comte, Madame de Montalembert est ravi de ce petit chef-d’œuvre, vous avez su tout dire avec tant de grâce, de tact et une prudence bien suffisante. C’est une immense consolation pour elle qu’un tel hommage rendu à son mari par une telle bouche ; et quant aux amis de Montalembert, ils vont être heureux et bien fiers d’avoir un tel interprète de leurs sentiments.

Puisque vous avez désiré que votre allocution fut transmise à Madame de Montalembert, elle m’a chargé de vous dire qu’on est peut-être pas suffisamment autorisé à se prévaloir du nom de la Belgique dans l’énumération qui se trouve à la fin de vos paroles et parmi les souscripteurs. La Belgique étend représentéepar son frère seulement qui est plutôt français que belge. Elle s’en rapporte à votre appréciation.

L’estime de plus que, dans cette phrase où vous parlez du « si douloureux sacrifice » imposé par Grégoire XVI à son mari au début de sa carrière on pourrait peut-être supprimer le si par prudence, de peur que certaines gens ne traduisent ce si par trop, et n’y voient une arrière-pensée de blâme.

Oserais-je, Monsieur le comte, vous soumettre moi-même un petit amendement, et puis je peux me permettre de vous proposer de remplacer par ces mots : « cette admirable pureté de cœur », ceci : « cet inébranlable amour de la pureté », qui disent mieux assurément avec plus d’accent et d’énergie, la belle, la vivifiante vertu de Montalembert, mais qui risquent peut-être par leur précision et leur accent de faire sourire quelques personnes du monde. Je suis tout confus de la liberté que je prends de vous soumettre cet amendement et sur un sujet où je puis mieux qu’un autre être le témoin de l’incomparable jeunesse de Montalembert. Mais je me sens autorisé à vous présenté par la preuve de confiance dont je me trouve si honoré que vous avez bien voulu m’accorder en voulant bien me demander mon avis. J’ai soumis d’ailleurs une observation à Madame de Montalembert qui l’approuve.

Laissez-moi encore une fois vous remerciait, Monsieur le comte. Comme vous le direz si bien, il importe que la prescription du silence ne couvre pas le grand nom de Montalembert, et cette petite allocution que les circonstances eussent rendu difficile pour tout autre que vous, permettra, Dieu merci, d’attendre un temps meilleur pour lui rendre un hommage plus complet.

Daignez, Monsieur le comte, agréer l’hommage de ma haute et respectueuse considération.

Léon Cornudet

P.S. Dois-je vous envoyer à Paris ou directement au bourg dirait la réduction en terre cuite du buste de Montalembert qui vous est destiné ?

 


 


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «29 janvier 1874», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1874,mis à jour le : 18/04/2021