1882 |
22 mars 1882
Alfred de Courcy à Alfred de Falloux
22 mars 1882
Cher monsieur de Falloux,
Il y a depuis quelques mois dans le Correspondant un article anonyme, mouvement économique et financier, que je trouve déplorable. Je ne sais pas ce qu’il y a d’économique je lis trop entre les lignes ce qu’il y a de financier. Il ne manquait à ces pauvres cléricaux que de se river sur la jeune page et ils ne s’en font pas défaut. Vos amis de l’Univers et de l’Union sont en plein mouvement économique.
Les noms qui vous sont plus chers s’y sont fourvoyés. Malgré de dures leçons on recommence déjà pour se rattraper. La déroute Langrand Dumonceau1 avait tué le parti catholique en Belgique. L’agiotage catholique est aussi une de nos plaies. Hier je recevais encore un scandaleux prospectus de librairie catholique se transforme en officine d’agiotage catholique avec des homélies d’abbés attendri et la bénédiction du pape2. Rien n’y manque, ne pourriez-vous pas obtenir que le Correspondant s’abstint au mieux d’exercer le sacerdoce de la presse financière, dans sa rédaction, et supprimât ce bulletin ? C’est bien assez que les boutiques d’agiotage fassent leur étalage sur les feuilles d’annonce.
Je saisis cette occasion mon cher monsieur de Falloux de vous renouveler l’expression de mes sentiments les plus dévoués.
A. de Courcy
1Langrand-Dumonceau, André (1826-1900), homme des finance et banquier belge.
