CECI n'est pas EXECUTE 29 avril 1884

1884 |

29 avril 1884

Marie-Céléste de Cumont à Alfred de Falloux

L’Épinay1, 29 avril 1884

Cher Monsieur,

Je suis allé samedi à Angers et j’ai trouvé chez Rose ou plutôt chez sa sœur les 4.500 Fr. que vous aviez eu la bonté de m’annoncer immédiatement ils ont été dévorés ainsi qu’il suit.

Remis pour intérêts à Monsieur l’abbé Vinçonneau (échu 1er février) 1200 f

Versé pour intérêts à Mme

Lemaine (février) 300 f

Versé à compte sur les fonds de roulement empruntés 1500 Fr.

soit 3.000 f

Donnée à Monsieur Fourier 1.500 f

du 4 septembre 1883 (capital emprunté pour faire face aux dépenses

Total 4.500 F

M. de Villeneuve a versé 500 F qui ont payé 500 Fr. d’intérêts échus le 13 décembre 1883

Aujourd’hui, il reste à payer :

1° chez Monsieur Fourrier, argent pris par Monsieur de Cumont pour les besoins journaliers du journal.

10 octobre 1883 750 Fr.

20 octobre 1883 1500 Fr.

8 novembre 1883 2600 Fr.

J’ai Monsieur Fourier soit 4350 Fr.

Plus les intérêts et la commission des dites sommes.

1500 ou 1800 Fr. pour peut-être beaucoup moins, pour rembourser la fin du fonds de roulement emprunté, je n’ai plus le chiffre exact dans la mémoire chez Monsieur Gasnier, on doit 900 Fr. d’intérêts du mois de février dernier, mais pour annonce 515,25 Fr. soit écart 385,15 Fr.

Je suis tout à fait de votre avis,, cher Monsieur, pour les services que rend lUnion de l’Ouest, seulement je répète que ce journal est aux abois, que les 8000 Fr. des années précédentes ne peuvent plus couvrir les frais, parce que les abonnements diminuent toujours et que les annonces ne donnent pas. Ainsi j’ai fait faire le relevé des annonces de notaires, on sert le journal à tous ceux de la ville de l’arrondissement, et bien leurs annonces en bloc ne couvrent pas l’abonnement du journal qui leur est servi gratuitement, il y a un déficit de 55 Fr. par an, y compris les 515 Fr. de M. Garnier, malheureusement les chiffres sont des chiffres et rien ne peut les faire changer, il n’y a pas moyen de raisonner avec eux. Il est triste de voir des personnes qui possèdent une grande fortune ne pas comprendre l’utilité de la presse. Ainsi M. le comte de Civrac2 qui a laissé 12 millions refusait de détacher de ses revenus un billet de 1000 Fr. pour l’Union de l’Ouest, Monsieur Marcel de Bernard qui a peu de charges ne veut plus entendre parler de subventions etc. etc. Le journal est donc dans la situation la plus critique et souvent le samedi matin, la caissière ne sait où prendre les fonds pour la solde des ouvriers. L’Ami du peuple donnait chaque année plus de 2000 Fr., aujourd’hui, comme le journal quotidien, ses abonnés ont diminué, il a lui aussi des intérêts à payer pour argent emprunté, un fond de dettes à amortir, et cette année, il est à bout de finance. Il n’y aurait donc pas moyen de frapper à la porte des comités de Paris qui récoltent tant d’argent, car très franchement la position est lamentable, songez que l’Étoile avait un déficit de 30 000 Fr. par an.

Recevez, cher Monsieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs et les plus distingués.

Vtesse de Cumont3

1Château de l’Epinay, domaine d’Arthur de Cumont, à Saint-Georges sur Loire (Maine-et-Loire).

2Civrac Marie Henri Louis Durfort de (1812-1884), homme politique. Grand propriétaire foncier du Maine-et-Loire, il fut élu député de la 2ème circonscription de Cholet dès 1852 et ne cessa de la représenter jusqu'à sa mort, siégeant avec les légitimistes puis l'Union des Droites.

3Garreau de Labarre, Marie Céleste (1833-1923) épouse d’Arhur de Cumont depuis 1854.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «29 avril 1884», correspondance-falloux [En ligne], 1884, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 24/04/2021