CECI n'est pas EXECUTE 4 avril 1849

Année 1849 |

4 avril 1849

Mgr Du Pont à Alfred de Falloux

Gaëte1 le 4 avril 1849

Monsieur le ministre, lorsque j’ai eu l’honneur de vous écrire le 4 mars, j’ai fait une omission que je répare aujourd’hui en vous donnant copie de la lettre que j’ai remis le même jour à Monsieur le ministre des affaires étrangères. La réponse de Monsieur votre collègue porte en substance que dans le choix des mesures à prendre pour venir au secours du Saint-Père2, le gouvernement et sera toujours déterminé par le désir de concilier trois intérêts étroitement unis, quoique distincts, l’intérêt de l’empire, celui des populations italiennes et le maintien de la paix générale. Je joins ici, Monsieur le ministre, copie de la lettre que je crois devoir lui adresser à ce sujet. C’est communications me dispensent d’entrer dans de plus amples détails. Toutefois j’ajouterai quelque chose, mu par cette confiance entière qui ne me permet point de vous rien dissimuler. Les lenteurs que l’on met à agir font dire dans le public non seulement que la France qui peut tout ne peut rien faire, mais encore qu’elle empêche l’action des autres nations catholiques. Le pape est toujours admirable de calme, de résignation. Ses sentiments pour la France ne varient point, il ne cesse de s’exprimer à son sujet dans les termes les plus touchants. Mais je suis persuadé qu’il renferme dans son cœur magnanime la profonde douleur que lui cause tout ce qui se passe. Que ne devez-vous pas souffrir vous-même, Monsieur le ministre, avec cette foi vive et cette piété sincère qui vous animent, en apprenant toutes les spoliations, toutes les iniquités qui se succèdent dans la ville éternelle, grâce à ces déplorables lenteurs qui permettent de consommer tant d’actes criminels ?

Il se répand dans le public que Monsieur Lemercier3, envoyé du ministère des affaires étrangères aurait été expédié de Naples à Rome pour pactiser avec le gouvernement républicain et amener une conciliation. Ce bruit que j’aime à croire dénuée de fondement produit ici le plus mauvais effet. Je suis persuadé qu’il est de nature à affliger le Saint-Père qui en tout cas n’est nullement disposé à admettre aucune conciliation, aucun accommodement de ce genre, attendu qu’il ne le doit, ni ne le peut.

En attendant mon retour, Monsieur le ministre, je suis entièrement à votre disposition, non seulement pour les affaires générales, mais encore pour vos propres affaires. Si vous désiriez quelque chose de moi, si je pouvais être agréable en quoi que ce fut à Madame de Falloux à laquelle je vous prie de vouloir bien offrir mon hommage, veuillez m’employer, je vous en supplie, vous êtes sûr de me faire un plaisir réel et d’acquérir un nouveau titre à ma gratitude. Dans ma dernière entrevue, le Saint-Père m’a chargé dans les termes les plus affectueux de vous dire qu’il vous envoyait sa bénédiction pour vous et pour toute votre famille.

Agréez l’assurance de la considération avec laquelle je suis, Monsieur le ministre, votre très humble et très dévoué serviteur.

Célestin Du Pont4, cardinal, archevêque de Bourges

1Ville du Latium, sur la côte méditerranéenne à 115 km de Rome où le Pape Pie IX était venu, le 24 novembre 1848, se réfugier après l’occupation du Quirinal par les troupes de Giuzeppe Mazzini, leader des patriotes italiens.

3Lemercier, Anatole Louis (1820-1897), homme politique. Libéral et catholique, il fut député de Charante-Inférieure de 1852 à 1857 et de 1857 à 1863 et de 1889 à 1897.

4Dupont ou Du Pont, Jacques-Marie Antoine Célestin (1792-1859), évêque auxiliaire de Sens (1824-1830), puis évêque de Saint-Dié (1830-1835), archevêque d'Avignon (1835-1842), il est alors archevêque de Bourges depuis 1842. Il avait été nommé cardinal en 1847.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «4 avril 1849», correspondance-falloux [En ligne], Années 1848-1851, Seconde République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1849,mis à jour le : 06/05/2021