1885 |
16 juin 1885
Alfred de Falloux à Abel Bergasse du Petit Thouars
Paris, 16 juin 1885
Monsieur l’amiral,
J’ai déjà prié le capitaine de Fraguet de vous renouveler mes bien vifs et bien sincères remerciements, mais je ne considère pas pour cela ma dette comme suffisamment acquitté mais je viens vous exprimer directement, ainsi qu’à Madame du Petit-Thouars1 mes sentiments les plus fidèles. Bien que mon voyage de Cherbourg ait abouti à un triste dénouement, la certitude d’un coup de pistolet que mon grand-père de Soucy se serait tiré à lui-même réduit au désespoir par sa déception et ses amertumes politiques, je garde de mon séjour en Normandie, un souvenir qui ne s’effacera plus et dont je vous reporte la meilleure part.
Je me suis donné la satisfaction, depuis mon retour à Paris de parler sans cesse de vous avec Augustin Benoîst d’Azy2, qui vous est bien attaché et avec mon neveu Mackau qui connaît bien aussi toute votre valeur.
J’ai des nouvelles de Madame de Castellane qui doit en ce moment arriver, très content de son séjour à Berlin et à Sagan, aux bains d’Evian, sur les bords du lac de Genève.
J’ai bien pensé à vous Monsieur l’amiral, en apprenant la douloureuse nouvelle de l’amiral Courbet3. Si je ne songeais qu’à la France, je ferais bien des vœux pour que l’on vous confiât son poste qui d’un moment à l’autre peut redevenir un poste de combat, mais en songeant à Madame du Petit-Thouars et au petit amiral en herbe à qui j’offre tout mon souvenir, je souhaite bien vivement au contraire que justice soit rendue sans vous arracher à l’arsenal de Cherbourg et que je puisse vous renouveler encore bientôt l’inaltérable expression de mes sentiments les plus vrais et les plus reconnaissants.
Comte de Falloux
1Luisa Mac Leod (1839-1920).
2Benoist d’Azy, Augustin Rose Ange, baron (1829-1890), gendre d’A. De Rességuier.
3Courbet, Amédée-Anatole-Prosper, (1827-1885), offier de marine, il sera nommé amiral en 1883.
