CECI n'est pas EXECUTE 20 août 1883

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20 août 1883

Camille Doucet à Alfred de Falloux

Montigny1, le 20 août 1883

Monsieur le comte,

Cher et honoré confrère, votre aimable lettre et votre non moins aimable invitation me sont arrivées, l’une portant l’autre, au milieu de complications inextricables qu’elles ont failli dénouer, à ma grande satisfaction.

Tandis que nous cherchions le moyen de transporter toutes nos infirmités à Luchon2, par la meilleure voie, sans trop de fatigue et de souffrance, je me suis vu, un moment prenant à 11heures 47 le chemin de Châteaubriant3, arrivant à Noyant4 à 3h. 52, et, de là, entrant triomphalement vers 4heures 1/2, chez le seigneur du Bourg d’Iré ; heureux de trouver en si bon lieu ce qu’Elleviou5 appelait jadis :

Un bon souper et surtout un bon lit.

Rien ne m’eut été plus doux que de répondre enfin à votre gracieux appel, et chacun, autour de moi, m’enviait ce plaisir et m’encourageait à en profiter.

Malheureusement, mon pauvre ménage représente trop bien l’association célèbre de l’aveugle et du paralytique.

Si mes yeux sont toujours en assez mauvais état, ma femme, d’ordinaire plus valide souffre très cruellement d’un rhumatisme dans l’épaule droite. Luchon doit, dit-on la guérir, et moi aussi !

Mais, avant de nous mettre en route, pour le long voyage, nous éprouvions tout deux, le besoin de revoir nos médecins, en traversant Paris le jeudi en huit, jour d’académie.

Des médecins ! J’en ai trois, mais l’un est à Trouville6 quatre jours par semaine (Galozowski), l’autre (Constantin, Paul) est à Cauterets7. Le troisième, mon beau-frère, le docteur Bourdon, est à la campagne à 15 lieues de Paris.

J’avais donc écrit au 1er et au 3e, pour leur demander quand j’aurais une chance de les trouver à Paris.

Bourdon me répond aujourd’hui qu’il viendra mardi pour la séance de l’académie (de médecine) qu’il y couchera, pour me voir mercredi matin et ne repartira qu’à midi.

De son côté, Galozowski, m’attendra le même jour à 5 heures.

Conclusion : il faut partir mardi pour Paris et mon gendre ne veut pas me lâcher lundi ayant, ce jour-là, à dîner chez lui quelques uns de ses collègues du Conseil général.

Voilà donc mon pot au lait renversé, et brisé.

Pardonnez-moi, et plaignez-moi. Agréez, je vous prie, Monsieur le comte, avec l’expression de mes regrets, la nouvelle assurance de mon respectueux attachement.

Camille Doucet.

Si Buloz8 est à Paris, je le verrai mercredi ou jeudi. Vendredi matin départ pour Bordeaux

1Montigny-lés-Metz.

2Ville thermale de Haute-Garonne.

3Chateaubriant (Loire-Atlantique).

4Noyant-la-Gravoyère (Maine-et-Loire).

5Sans doute François Elleviou (1769-1842) chanteur, librettiste et comédien.

6Trouville (Calvados).

7Station thermale des Hautes-Pyrénées.

8Buloz François (1803-1877), éditeur et publiciste. Co-fondateur puis rédacteur en chef de la Revue des Deux-Mondes, qu’il dirigea pendant près de quarante ans.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «20 août 1883», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1883,mis à jour le : 14/05/2021