CECI n'est pas EXECUTE Ier octobre 1874

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Ier octobre 1874

Camille Doucet à Alfred de Falloux

Paris, 1er octobre 1874

Monsieur le comte, cher et honoré confrère,

En rentrant à Paris, pour la dernière fois, après ces longs voyages que vous ne m’enviez pas, je trouve chez moi votre aimable lettre, et je me hâte d’y répondre.

Je lis en même temps, dans un journal que vous êtes attendu à Paris très prochainement.

Je serai heureux de vous voir alors, et de m’entretenir avec vous, si vous le permettez, de cette double question académique qui déjà vous préoccupe si légitimement et dont, par bonheur, la solution est lointaine encore.

Si j’avais eu l’honneur d’être le conseiller du plus gros des personnages dont on vous a parlé et dont les noms se signalent d’eux-mêmes, ce n’est pas dans l’intérêt de l’académie, c’est dans le sien propre, dans le sien seulement que j’oserais le dissuader de s’opposer à un succès incontestable qui ne pourrait lui faire aucun bien, et qui le diminuerait au contraire, quand il grandit les autres !

Étranger aux rancunes politiques, et ayant de tout temps souhaité que l’académie leur fermât soigneusement sa porte, je me sentirais entraîné vers le second candidat par des souvenirs personnels qui m’ont été précieux et qui me sont restés chers.

Il y a des noms qui appartiennent à l’académie. Je n’irai pas jusqu’à dire que l’académie leur appartient ; mais je comprends qu’elle les aime ; et qu’après les avoir perdus, elle désire les retrouver pour s’en parer de nouveau.

Une question d’opportunité se soulèverait peut-être ; mais comme nous avons encore bien des mois devant nous, ce qui semblerait à quelques-uns prématuré aujourd’hui pourrait, au contraire, se voir favorisé alors par l’à-propos, et apostillé par les circonstances.

À l’académie, comme au théâtre, les mariages d’amour sont plus séduisants que les mariages de raison. Sont-ils meilleurs et plus heureux !

L’avenir jugera ce que Rome examine ! ! L’avenir !!...

Quant à présent, Monsieur le comte, et pour en revenir à notre chère académie, tout ce que je puis dire, c’est que son intérêt seul m’occupe et m’occupera toujours. Toujours aussi ce qu’il vous aura conseillé sera pour moi un très bon conseil et d’un très bon exemple.

Agréez, je vous prie, avec mes plus respectueux hommages pour Madame la comtesse de Falloux, la nouvelle assurance de ma haute considération et de mes sentiments très dévoués.

Camille Doucet

Quelle longue lettre ! Je me retire sur la quantité !

 


 


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «Ier octobre 1874», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1874,mis à jour le : 16/05/2021