Année 1866 |
16 avril 1866
Alfred-Auguste Cuvillier-Fleury à Alfred de Falloux
Paris Passy le 16 avril 1866
Monsieur le comte,
Je me suis présenté chez vous le lendemain de l’élection académique. J’y serais revenu, si j’avais pu savoir que vous resteriez, comme on me l’a dit hier, jusqu’à ce matin à Paris. J’avais à cœur de vous exprimer verbalement ma vive et profonde gratitude. Vous m’avez accordé un suffrage qui sera un honneur dans ma vie. Vous avez contribué à me faire admettre dans une compagnie où la perspective de vous rencontrer quelquefois et parmi celles qui me sourient le plus. Vous m’avez agréé, assisté, conseillé, dirigé dans une épreuve délicate et dans une ambition semée d’embûches. La bienveillance de votre accueil ne peut être comparée qu’à la loyale fermeté de votre appui. Le crédit légitime dont vous jouissez s’est communiqué, pour une bonne part à ma candidature renouvelée et rajeunie ; tardive jeunesse ! diront les envieux ; mais on n’arrive jamais trop tard où on est bien reçu, et un peu d’immortalité se mêle agréablement aux dernières années d’une périssable existence. Ce charme de se sentir accueilli avec une distinction si flatteuse, je vous le dois, monsieur et éminent confrère, et à vos amis. C’est un souvenir qui ne me quittera plus. J’aime à l’associer aux sentiments de haute et cordiale considération dont je vous prie de recevoir la nouvelle et parfaite assurance.
Cuvillier Fleury
