1878 |
25 janvier 1878
Alfred-Auguste Cuvillier-Fleury à Alfred de Falloux
Paris, Passy, le 25 janvier 1878
Très cher et très éminent et honoré confrère,
Le beau livre de M. Jouin m’a seulement passé sous les yeux, le jour de la distribution des ouvrages remis au jugement du Concours pour les prix Bordin et Marcelin Guérin. À vous je puis dire, puisque l’académie ne peut avoir de secrets pour vous, que le livre est échu à M. Charles Blanc1, et ne pouvait avoir un meilleur juge ; il m’est d’ailleurs absolument inconnu, et je ne le pourrai apprécier moi-même que le jour où il nous sera rapporté en séance de notre commission, pas avant un mois ou six semaines. Mais croyez que votre opinion sur l’auteur et sur son œuvre forme déjà pour moi une prévention des plus sérieuses et des plus favorables, et qu’il n’y manque presque plus rien pour devenir une conviction. Ne croyez pas que votre nom, si considérable à l’académie comme partout, - invoqué en faveur de votre protégé, - l’expose à aucun désagrément auprès des deux juges que vous nommez ; Non obtusa adeo gestamus pectora Poeni2» nous ne sommes pas ainsi juste que cela, quand nous sommes sur le terrain scientifique ou littéraire, et votre suffrage n’y perdra jamais rien de sa valeur.
Vous savez du reste le prix que j’y attache personnellement, Monsieur est très honoré confrère, et à quel point j’aimerais à vous le dire plus souvent, au lieu d’être obligé de confier seulement au papier cette assurance de mes sentiments de considération, d’affection et de gratitude, auxquels s’associent (elle me charge de vous le bien dire) ceux de ma femme.
Cuvillier-Fleury
1Blanc, Charles (1813-1882)
2Vers de Virgile.
