CECI n'est pas EXECUTE 30 mai 1877

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30 mai 1877

Alfred-Auguste Cuvillier-Fleury à Alfred de Falloux

Paris, Passy le 30 mai 1877

Monsieur le comte et cher confrère,

Ma femme vous a dit la part que nous avons prise à votre malheur1, qui ne saurait être plus grand et plus digne de toute notre compatissance. Mais je tiens à vous marquer l’impression qu’à excité parmi vos confrères de l’académie la triste nouvelle qui lui a été communiquée hier, impression dont le sympathique écho vous sera déjà sans doute parvenu. J’en ai pris ma part et je vous le dis. L’académie vous voit rarement, et vous aime beaucoup. Elle savait les motifs sacrés qui vous retenaient loin d’elle, et elle ne vous vous en aimait que davantage. Vous lui manquerez beaucoup demain jeudi, qui est le jour où sont exposés, je ne dis pas discutés, les titres du duc d’Audiffret-Pasquier2 à la succession académique de J. Autran3. Vous lui manquerez bien davantage le 7 juin qui sera le jour de l’élection. Je crois les chances de notre candidat bonnes tout juste ; peut-être ne s’accroîtront-elles pas de l’appel qu’il a bien voulu m’adresser, et qui me substitue forcément à vous dans la défense de ses titres à nos suffrages. Je ferai de mon mieux ; mais l’académie et le candidat n’en auront pas moins à déplorer votre absence et sa cause si douloureuse à tous vos amis.

Veuillez, cher confrère, agréer cet hommage de mon affectueux dévouement et de mon profond regret.

Cuvullier-Fleury

 

1Falloux venait de perdre son épouse Marie décédée

2Audiffret-Pasquier, Edme Armand Gaston, duc d'(1823-1905), homme politique français. Auditeur du conseil d’État de 1845 à 1848. Membre du Conseil d'administration des mines d'Anzin. Il devient député de l'Orne en 1871. Inscrit au centre-droit, il contribua à la chute de Thiers. Favorable à la fusion et à la restauration d'une monarchie constitutionnelle, il se résigna, en raison de l'attitude intransigeant du comte de Chambord au vote de la loi du septennat et contribua à la chute du ministère Broglie. Partisan d'une conciliation avec le centre-gauche, il est élu à la présidence de l'Assemblée nationale le 15 mars 1875 et neuf mois plus tard il est élu sénateur inamovible. Il sera élu à l'Académie française le 24 décembre 1878 au fauteuil de Mgr Dupanloup.

3Autran, Joseph (1813-1877), poète français. Plusieurs fois candidat à l’Académie française, il était soutenu par les catholiques, son ami V. de Laprade, Thiers et Mignet mais combattu par Guizot et les libéraux, le Journal des Débats et la Revue des Deux-Mondes. Contraint de se retirer devant Octave Feuillet en 1862, il avait néanmoins été élu le 7 mai 1868, en même temps que Claude Bernard.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «30 mai 1877», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1877,mis à jour le : 08/06/2021