CECI n'est pas EXECUTE 27 décembre 1852

Année 1852 |

27 décembre 1852

Léon Faucher à Alfred de Falloux

27 décembre 1852

Cher ancien collègue et ami,

Votre billet m’a été remis par le gendre de M. Blouin à qui j’ai fait l’amitié auquel a droit toute personne venant de votre part, et que j’ai recommandé particulièrement à mon beau-frère. Wolowski1, a eu avec lui une longue conversation dont il est fort satisfait. Vous pouvez espérer qu’il sortira quelque chose de ces premiers pourparlers.

L’organisation du crédit foncier dans le département est une grande et difficile entreprise. Nous ne voulons rien précipiter. Je sais ce que c’est que d’avoir à constituer ou à reconstituer un personnel administratif ; et j’ai conseillé tout en évitant les lenteurs, d’y apporter la maturité nécessaire. Nous aurons probablement une organisation provisoire pour arriver au régime définitif, et la maison Blouin pourra nous aider pour l’étude de votre effort. Engager ces messieurs ou à laisser leur gendre à Paris, ou à les renvoyer pour suivre une négociation à tous égards aussi importante.

Vous savez peut-être qu’après plus de huit mois, pendant lesquels je m’étais absorbé dans la douleur la plus profonde n’espérant plus rien de ce pays pour quelques années, j’aurais cherché une diversion et un emploi pour l’activité de mon esprit dans les travaux de la grande industrie, mais le gouvernement ne m’a pas même laissé ce refuge. J’ai quitté les Chemins de fer du Midi, parce que, placé entre le soin de ma dignité et celui de mes intérêts, je ne pouvais pas hésiter, ni marchander le sacrifice. Si l’on n’a pas <mot illisible> une position dans le crédit foncier, c’est que l’on avait besoin de la compagnie pour fonder une institution et pour donner la vie à un décret qui sans cela serait resté une lettre morte.

Fonder, organiser et étendre une institution qui est appelée à rendre de véritables services au pays, voilà le lien qui, à travers les dégoûts du présent, me rattache encore au mouvement des affaires. Quand je croirais l’œuvre assez avancée, je me réfugierai probablement dans la science et dans la contemplation du passé.

Donnez-moi plus souvent de vos nouvelles et de celles de Madame de Falloux. Ma femme est mieux portante cet hiver que l’hiver dernier ; mais nous vivons toujours dans une demie retraite comme il convient quand on porte le deuil de son pays.

Veuillez, cher ami, présenter mes hommages respectueux à Madame de Falloux et recevoir la nouvelle assurance de mes sentiments dévoués.

Léon Faucher

1Wolowski, Ludwik Franciszek Michał Reymond (1810-1876), homme politique polonais naturalisé français, juriste et économiste.

Léon Faucher avait épousé, en 1837, sa sœur Alexandra (ou Alexandrine) Wolowska (1812-1905).


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «27 décembre 1852», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1852,mis à jour le : 02/07/2021